Le roi Mohammed VI a annoncé dimanche que le moment était “arrivé” pour le Maroc de retrouver sa “place naturelle” au sein de l’Union africaine (UA). Il appelle l’organisation à corriger “une erreur historique” et à adopter “une neutralité constructive” sur la question du Sahara.
« Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé », a déclaré le roi du Maroc, Mohammed VI, dans un message adressé au 27e sommet de l’UA qui s’est ouvert le 17 juillet à Kigali, selon l’agence de presse marocaine MAP.
Le message royal a été remis, dimanche 17 juillet, au président tchadien, Idriss Deby Itno, président en exercice de l’Union africaine (UA), par Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants. Mohammed VI y exprime, sur un ton engagé, la disposition du Maroc « à œuvrer au sein de l’UA en vue de transcender les divisions ».
La reconnaissance d’un pseudo-État était dure à accepter par le peuple marocain
Il commence d’abord par revenir sur les conditions dans lesquelles le Maroc avait décidé en 1984 de quitter l’Organisation de l’Union africaine (OUA) – qui a précédé l’Union africaine – à la suite de l’admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). « La reconnaissance d’un pseudo-État était dure à accepter par le peuple marocain », a écrit Mohammed VI dans son message. À l’époque, « ce fait accompli immoral, ce coup d’État contre la légalité internationale, ont amené le Royaume du Maroc à éviter la division de l’Afrique au prix d’une douloureuse décision, celle de quitter sa famille institutionnelle ».
Malgré son retrait, le Maroc ne s’est jamais séparé de l’Afrique. « Africain est le Maroc. Africain, il le demeurera », écrit le roi du Maroc, listant longuement tous les axes de sa politique de rapprochement avec les pays du continent, aujourd’hui au cœur de sa politique étrangère et économique.
L’africanité du Maroc
Malgré ces évidences, poursuit Mohammed VI, « certains pays continuent de prétendre que le Maroc n’a pas vocation à représenter l’Afrique, parce que sa population ne serait pas majoritairement noire », ajoutant que l’Afrique ne se résume pas à une couleur et que continuer à l’insinuer, c’est mal connaître sa réalité.
« Je connais l’Afrique et ses cultures mieux que ne peuvent le prétendre beaucoup d’autres. De par mes multiples visites, je connais aussi la réalité du terrain, et l’affirme en mesurant mes mots. Une réalité faite de défis quotidiens importants, de manque de ressources, mais également de dignité, d’histoires réussies et d’engagement citoyen », dit-il.
L’Union africaine « en contradiction avec la légalité internationale »
Sur un ton offensif, il estime que « le temps est venu d’écarter les manipulations, le financement des séparatismes » et que sur la question du Sahara, l’Afrique institutionnelle ne peut supporter plus longtemps les fardeaux « d’une erreur historique et d’un legs encombrant ».
« L’Union africaine n’est-elle pas en contradiction évidente avec la légalité internationale ? », s’interroge le roi, notant que « ce prétendu État », comme il le qualifie, n’est membre ni de l’ONU, ni de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ni de la Ligue arabe.
Le Maroc « confiant »
Cherchant le soutien des chefs d’État africains, le Maroc s’est dit « confiant dans la sagesse de l’UA pour rétablir la légalité et corriger les erreurs de parcours ». Avec une « neutralité retrouvée », elle pourrait « contribuer d’une manière constructive » à l’émergence d’une solution, estime le roi du Maroc, indiquant qu’ »un processus est en cours sous la supervision du Conseil de sécurité » des Nations unies.
Le retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine doit être validé par un vote au sein de la Commission de l’UA.
Accord entre l’ONU et le Maroc sur le Sahara occidental
L’ONU a confirmé, jeudi 15 juillet, le retour progressif du personnel de sa mission au Sahara occidental, à la suite d’un accord avec le Maroc. En qualifiant la présence marocaine d’ « occupation » à l’issue d’une visite dans les camps de Tindouf, le secrétaire générale des Nations unies, Ban Ki-moon, avait provoqué une crise diplomatique sans précédent dans le royaume, menaçant de couper les vivres de la mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), déployée sur le territoire.
Jeune Afrique