La décision du gouvernement de retirer les enfants de la rue fait jaser. Des maitres coraniques de la région de Dakar sont montés au créneau, samedi aux Parcelles assainies, pour critiquer l’action des autorités. Membres de la Fédération nationale des associations d’écoles coraniques du Sénégal (FENASECS), ils estiment que l’Etat devrait employer la voie de la concertation avant d’appliquer une telle décision. «Je crois que l’Etat devrait d’abord ouvrir un dialogue avec nous les maîtres coraniques avant de prendre cette mesure d’interdiction de la mendicité», a fait savoir Imam Abdou Ciss adjoint au trésorier de la FENASECS de Dakar qui regroupe plus de 700 associations.
Début juillet, le président Macky Sall avait annoncé avoir «ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues» dans le cadre de «la protection des droits de l’enfant et groupes vulnérables». Il a réitéré la même promesse lors de la prière de l’Aïd el-Fitr, mercredi dernier, à la grande mosquée de Dakar. Depuis l’annonce de la décision, plusieurs enfants ont été retirés de la rue. Mais, plusieurs maitres coraniques affirment qu’ils sont déçus de l’action des autorités. «Nous déplorons le fait que des talibés soient pris dans la rue avant d’être détenus dans des centres. C’est frustrant», dit Imam Ciss. Et de poursuivre : «Depuis que le nouveau pouvoir est en place, nous avons introduit plusieurs demandes d’audience auprès des autorités, qui font la sourde oreille».
Imam Abdou Ciss explique le fait de mendier est une exception. «S’il y a mendicité, c’est parce que la personne a un besoin et qu’il n’a aucune aide. Donc elle est obligée de mendier pour pouvoir manger, à l’image du talibé. Le problème, c’est que l’on n’arrive plus à distinguer talibés et enfants de la rue. Toute personne qui a un pot et qui circule, on le considère comme un talibé alors que tel n’est pas le cas», lance le maitre coranique. Sur le programme de modernisation des daaras et de la loi cadre, Imam Ciss précise : «C’est toujours en gestation. On en parle mais ce n’est pas toujours effectif». Il demande à l’Etat et aux collectivités locales de soutenir les écoles coraniques pour pouvoir éradiquer la mendicité «car les maîtres coraniques ont trop de charges, il nous sera difficile d’éradiquer la mendicité».
WALF