L’Etat du Sénégal, par la voix de son chef, vient de taper sur la table ordonnant «le retrait d’urgence des enfants des rues ». Sur son compte twitter, le Président SALL indique que : «Pour la protection des Droits des enfants et groupes vulnérables, j’ai ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues ». Avant d’ajouter que « 150 enfants errants vont être accompagnés vers des centres d’accueil ».
Seulement, pour de nombreux observateurs, en posant cet acte, l’Etat sénégalais n’a fait qu’anticiper un rapport du Congrès américain mettant en cause cette situation d’enfants errant dans les rues. En effet, le 16e rapport, publié jeudi dernier, par le Congrès américain place le Sénégal au niveau dit ‘Tier 2 Watch List’, une désignation pour les gouvernements n’ayant pas totalement respecté les normes fixées par le Congrès pour lutter contre la traite des personnes, mais qui font cependant des efforts importants pour se mettre en conformité avec ces normes. Dans le document qui évalue 187 pays, le Sénégal y est décrit comme un pays de transit pour des enfants et des femmes de la sous-région et aussi un pays de destination. Selon le rapport produit par les Etats-Unis, plusieurs femmes et enfants, souvent des talibés, sont victimes de travail forcé et de trafic sexuel. « Dans la région de Dakar, environ 30 000 talibés sont forcés à mendier dans les rues et le problème est répandu dans tout le reste du pays », indique le rapport. Poursuivant, les Américains exhortent le Sénégal à mener « des enquêtes plus approfondies, des poursuites et des condamnations des personnes reconnues coupables des délits de traite des personnes». Aussi, ils réclament « l’augmentation des inspections dans les secteurs informels, la poursuite de la cartographie des daaras, l’élargissement du plan d’action nationale de lutte contre la traite des personnes et la tenue de campagnes de sensibilisation pour le public sur les problèmes liés à la traite des personnes ».
Ces observations des Américains ne sont pas tombées dans l’oreille dans sourd. Avant même que ledit rapport ne soit connu du grand public, le Sénégal a obtempéré, en impulsant une série de mesures. Et la précipitation dans laquelle ces mesures ont été annoncées en dit long sur la pression ressentie par le régime de Macky SALL qui a annoncé le retrait des enfants des rues sans avoir, au préalable, indiqué où les accueillir.
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