Au moins 35 personnes ont été tuées lundi dans une série d’attentats suicide contre des militaires à Moukalla, dans le sud du Yémen, un bastion d’Al-Qaïda jusqu’en avril, selon un nouveau bilan fourni par un haut responsable des services de santé. «Moukalla a connu cinq attentats suicide dans quatre secteurs », a déclaré à l’AFP Ahmed Saïd ben Breyk, le gouverneur de la province du Hadramout dont cette ville est le chef-lieu. Trente-trois soldats ont péri dans les attaques ainsi qu’une femme et un enfant et 25 autres personnes ont été blessées, a déclaré à l’AFP Riad al-Jalili, responsable de la santé de la province du Hadramout, dont Moukalla est le chef-lieu. Un responsable de la sécurité avait fait état auparavant de 19 morts. Trois attentats à la bombe ont visé simultanément des check points dans cette cité portuaire au coucher de soleil alors que les troupes rompaient le jeûne du ramadan, a indiqué un responsable de la sécurité. Dans la première attaque, un kamikaze à moto a demandé à des soldats s’il pouvait rompre le jeûne avec eux avant de se faire exploser, a-t-il dit. Dans deux autres secteurs de la ville, deux kamikazes se sont approchés à pieds de soldats avant de faire détoner leurs ceintures explosives. Peu après, deux kamikazes ont lancé une quatrième attaque à l’entrée d’un camp de l’armée, toujours selon le responsable de la sécurité. Les forces gouvernementales yéménites, soutenues par la coalition arabe sous commandement saoudien, ont repris le 24 avril Moukalla aux jihadistes qui avaient contrôlé la ville pendant un an. Mais les jihadistes conservent une forte présence et contrôlent toujours plusieurs localités dans la province du Hadramout. Washington a reconnu le 7 mai la présence d’un “très petit nombre” de soldats américains au Yémen pour aider les forces yéménites et la coalition arabe à chasser Al-Qaïda de la ville. Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basé au Yémen depuis 2009, et le groupe jihadiste Etat islamique (EI) ont profité de la guerre civile opposant les rebelles chiites Houthis aux forces gouvernementales yéménites pour étendre leur influence dans le sud et le sud-est du pays. Moukalla, ville de 200.000 habitants, avait été frappée en mai par un double attentat suicide revendiqué par l’EI qui avait coûté la vie à 47 policiers. Au cours de la dernière année, un certain nombre de hauts responsables d’Al-Qaïda ont été tués dans des frappes américaines visant les positions jihadistes. Washington considère Aqpa comme la branche la plus dangereuse de la nébuleuse Al-Qaïda. L’armée américaine a indiqué ce mois-ci avoir tué six combattants d’Al-Qaïda en trois frappes aériennes séparées dans le centre du Yémen. Aqpa « reste une menace significative pour la région, les États-Unis et au-delà », a déclaré le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), dans un communiqué. Le groupe compte « plusieurs milliers de combattants et de partisans », selon les chiffres donnés mi-juin par le directeur de la CIA John Brennan devant le Sénat américain. «Il y a un effort actif en cours pour continuer à démanteler et détruire cette organisation », a-t-il dit.
Courrier international