Au Parti socialiste (Ps), l’entente et la cohésion ont laissé place à la discorde, à la méfiance et à la défiance. Cette formation politique, l’une des plus anciennes sur le champ politique sénégalais, jadis reconnue comme un parti aussi bien structuré qu’organisé, n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Fini le temps où, acculé par un Me Wade redonnant souffle à la transhumance, s’en prenant à ses plus représentatifs membres, on se serrait les coudes. Aujourd’hui, les querelles partisanes, qui n’ont pas manqué hier, sont en phase de mettre en mille morceaux le parti du président Senghor. Ousmane Tanor DIENG, Abdoulaye Wilane, Aminata Mbengue Ndiaye et autres font face à Khalifa Sall, Barthélemy Dias, Bamba Fall etc. Le choc entre les deux camps n’est pas seulement de génération. Il est avant tout d’ambitions. Les affrontements qui ont émaillé la réunion Bureau politique du Parti socialiste, le 5 mars dernier, n’ont fait qu’exacerber un conflit latent trouvant ses origines dans le compagnonnage dudit parti avec le président Macky Sall. Ousmane Tanor Dieng qui avait, très clairement, indiqué qu’il n’allait plus se représenter à une élection présidentielle après celle de 2012, semble avoir pris goût aux prébendes que Macky Sall a mises à sa disposition. Sans occuper un véritable poste dans l’attelage gouvernemental, le Sg du Ps n’en demeure pas moins l’une des personnes les plus influentes du Sénégal. Grandement renforcé par le denier congrès du Parti socialiste qui a vu ses proches occuper les postes les plus stratégiques du parti, Ousmane Tanor Dieng oriente celui-ci dans le sens d’un partenariat loyal avec le chef de l’Etat. Ce qui est loin d’incommoder ce dernier qui manifestement veut maintenir ses alliés dans le giron du pouvoir. En baptisant au nom d’Abdou Diouf le Centre de conférence de Diamniadio, le leader de l’Apr cache difficilement sa volonté.
Seulement, cette posture du Parti socialiste ne semble guère enchanter tous ses militants. Khalifa Sall, maire de la ville de Dakar, dernier ministre du Commerce sous Abdou Diouf, ragaillardi par sa victoire sur l’ancien Premier ministre Aminata Touré, affiche, plus qu’avant les élections locales de juin 2014, ses ambitions de briguer la magistrature suprême. En parvenant à mettre en place une coalition, «Takhawu Dakar», avec des personnalités de divers bords, le responsable socialiste s’est persuadé d’une force de frappe en mesure d’inquiéter voire d’éjecter Macky Sall. Un projet que les inspirateurs de l’Acte III de la décentralisation ont flairé depuis belle lurette. Khalifa Sall est certes maire de la ville de Dakar ; mais ses marges de manœuvres ont été grandement comprimées par cette loi qui semble avoir été taillée à sa mesure.
Entre la volonté réelle ou supposée du maire de faire face au leader de l’Apr et la détermination de Ousmane Tanor Dieng, que beaucoup ont déjà installé à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales, de maintenir le Ps dans le camp présidentiel, la guerre fratricide a lieu.
Mame Birame WATHIE