La Journée Mondiale des Réfugiés (JMR), célébré, ce lundi 20 juin, a servi de tribune à l’International Refugee Rights Initiative (IRRI) pour attirer l’attention des autorités sénégalaises et l’opinion publique sur les difficultés que rencontrent les refugiés et demandeurs d’asile au Sénégal. Dans un communiqué parvenu, à WALFNET, le Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés renseigne que, pour l’année 2015, le Sénégal a enregistré «14274 refugiés et 2914 demandeurs d’asile de diverses nationalités». Selon le document, ce choix s’explique par la stabilité politique du Sénégal et sa démocratie. «Beaucoup de réfugiés choisissent le Sénégal en raison de son système politique, la démocratie. Il se trouve qu’au Sénégal, les demandeurs d’asile et les réfugiés sont confrontés à d’énormes difficultés surtout par rapport à la procédure d’asile», indique la source.
Seulement, l’IRRI signale que malgré ces avancées notées, le système d’asile sénégalais est confronté à d’énormes difficultés, surtout au niveau de la procédure de demande. Le temps du traitement des dossiers est très long contrairement à l’Afrique du Sud. «Ainsi, il y a des problèmes majeurs dans le système d’asile sénégalais auxquels il faut trouver une solution, particulièrement concernant la procédure de détermination du statut de réfugié. De sérieuses lacunes administratives et procédurales empêchent ceux qui ont besoin de protection d’en bénéficier. La Commission Nationale d’Eligibilité est extrêmement lente dans le traitement des dossiers, laissant certains demandeurs d’asile attendre près de trois ans avant de recevoir une décision. A titre de comparaison, l’Afrique du Sud traite les demandes d’asile en six mois. Ce retard injustifié aggrave considérablement la situation des demandeurs d’asile, pourtant déjà vulnérables. De nombreux demandeurs d’asile ne peuvent pas se sentir en sécurité, psychologiquement, jusqu’à ce qu’ils obtiennent un véritable statut juridique», lit-on dans le document.
Sous ce rapport, l’IRRI préconise une «législation qui fixerait un délai pour le traitement des demandes d’asile, serait une étape cruciale pour lutter contre cette situation». «Au Sénégal le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas. Les demandeurs d’asile n’ont souvent pas accès à l’aide humanitaire jusqu’à ce qu’ils soient reconnus comme étant réfugiés. De plus, le Sénégal n’a pas prévu de centre d’accueil pour les demandeurs les plus vulnérables tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées. De surcroît, il se trouve que le système d’asile sénégalais n’a pas prévu une instance de deuxième degré pour faire appel. Ce sont les membres de la Commission qui étudient les demandes d’asile en première instance et les recours. Et pendant toute cette période d’attente, le requérant d’asile ne bénéficie généralement pas d’une assistance. Il est laissé à lui-même», déplore l’IRRI.
Un autre problème que rencontrent les demandeurs d’asile : c’est l’obtention de la carte d’identité. «Un nombre important de réfugiés a des difficultés pour obtenir une carte d’identité de réfugié et un titre de voyage. Et ceux qui obtiennent ce document d’identité sont confrontés à d’autres obstacles. En effet, ces cartes ne sont pas reconnues par certains établissements publics et privés. Une nouvelle législation clarifiant les procédures pour l’obtention de tels documents serait une première étape importante dans la lutte pour l’amélioration de la condition des réfugiés. En outre, l’Etat devrait mener des campagnes de sensibilisation afin que tous les fonctionnaires concernés reconnaissent et acceptent de reconnaître les documents de réfugiés», explique l’IRRI. Qui par la même occasion invite le gouvernement sénégalais à revoir sa législation nationale afin de corriger les faiblesses de son système d’asile.
WALFNET