Le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars au Congo-Brazzaville remportée par le président Denis Sassou-Nguesso, a été inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », a-t-on appris, jeudi 17 juin, auprès de son avocat. L’opposant est également poursuivi pour détention illégale d’armes et munitions de guerre.
« Pour des raisons d’audition et d’enquête (…) il est en détention préventive à la maison d’arrêt de Brazzaville au moment où nous parlons », a précisé son avocat. Selon Me Ibouanga, le général Mokoko a réfuté en bloc les chefs d’inculpation retenus contre lui.
Le général Mokoko, qui était en garde à vue depuis mardi à la Direction générale de surveillance du territoire (DGST), était arrivé menotté jeudi au parquet de Brazzaville, selon plusieurs témoins. Le 9 juin, le ministre congolais de la justice, Pierre Mabiala, avait réclamé l’accélération de la procédure contre lui.
Une vidéo compromettante
Ancien chef d’état-major des armées du Congo de 1987 à 1993, passé par l’Ecole supérieure militaire (ESM) de Saint-Cyr, en France, Jean-Marie Michel Mokoko a été jusqu’à début février représentant spécial de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) en Centrafrique.
Il a démissionné au début de l’année de son poste de conseiller du président Sassou-Nguesso chargé des questions de paix et de sécurité, qu’il occupait depuis 2005, pour se porter candidat à l’élection présidentielle du 20 mars, où il a officiellement recueilli moins de 14 % de voix.
Initialement prévu en juillet, ce scrutin a été ramené au 20 mars par M. Sassou-Nguesso qui l’a remporté avec plus de 60 % des voix, résultats officiels, qualifiés de « forfaitures » par cinq candidats d’opposition, dont le général Mokoko.
Ce dernier est mis en cause dans une vidéo tournée en 2007 le montrant discutant d’un plan visant à chasser M. Sassou-Nguesso du pouvoir avec un homme dont on ne voit pas le visage et se présentant comme appartenant au service de renseignement extérieur de la France (DGSE).
« Harcèlement »
Dans un entretien à l’AFP en mars, le général Mokoko avait indiqué qu’il s’était fait « piégé » dans cette affaire de vidéo, ajoutant que la question avait été « réglée en famille » avec le président Sassou-Nguesso. Il s’était ainsi dit étonné que cette affaire ressurgisse. A la veille de l’élection présidentielle, le général avait été entendu plus d’une fois dans ce dossier par la police.
« Son arrestation est une affaire préoccupante et très embarrassante » qui « crée des problèmes et de la morosité en politique », a réagi l’opposant Clément Miérassa, président du Parti social-démocrate congolais (PSDC). Le général « connaît un harcèlement depuis qu’il a fait une bonne campagne et obtenu de bons résultats à la dernière présidentielle », a-t-il ajouté, dénonçant des « arrestations arbitraires » dont sont victimes, selon lui, les opposants depuis ce scrutin.
Depuis la réélection de Denis Sassou-Nguesso, qui cumule déjà plus de trente-deux ans de pouvoir, le général Mokoko vivait en résidence surveillée dans sa maison du centre-ville de Brazzaville.
AFP