«Le Mouvement de la réforme pour le développement social, Mdrs, ne saurait continuer à prendre part à un dialogue de compromission sur le dos du peuple». C’est en ces termes que le docteur Mohamed Sall, secrétaire général du MDRS, a annoncé hier, à Thiès, la décision de son mouvement de mettre un terme à sa participation au dialogue national dont les travaux avaient été lancés il y a moins d’un mois dans la salle des Banquets de la présidence de la République. Une rencontre à laquelle le MDRS avait choisi de participer malgré, dit-il, les réticences et le scepticisme de certains acteurs politiques et de la société civile. Lesquels doutaient de la sincérité de l’appel du chef de l’Etat. Et pour cause, soutient-il, le mouvement avait cru devoir répondre par principe pour donner une chance à un consensus fort des forces vives de la nation sur les questions d’intérêt national. Surtout, poursuit-il, quand on sait que le référendum du 20 mars, convoqué sans concertation préalable, à la suite du reniement du Président de réduire son mandat de cinq ans, avait fini de diviser profondément les Sénégalais.
Mais, se désole-t-il, les actes posés dès les tout premiers jours ont été assez éloquents pour donner raison à ceux qui doutaient de la sincérité de ce dialogue. «L’élargissement de prison des co-accusés de Karim Wade condamnés par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), jumelé aux propos du président de la République sur les ondes d’une radio étrangère relativement à une possible libération du fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, parait des plus problématiques. Car une telle décision, si elle advenait, serait de nature à renforcer le sentiment d’impunité et d’inégalité des citoyens sénégalais devant la loi. Combien sont-ils ces Sénégalais qui croupissent dans les prisons pour beaucoup moins que ce qui est reproché à Karim Wade et à ses co-inculpés» ? Au-delà, poursuit le patron du MDRS, cette libération serait aussi pour valider l’idée selon laquelle «Karim Wade n’est qu’un prisonnier politique, victime d’un règlement de comptes avec l’ancien président de l’Assemblée nationale devenu président de la République».
Aussi et pour le secrétaire général du MDRS, l’élargissement de Karim Wade ne pourra être compris que comme le fruit d’un combat politique. Ce d’autant, fait-il remarquer, qu’il est le seul accusé principal à être condamné parmi les 25 suspects de l’ex-procureur Alioune Ndao. «La promesse mainte fois renouvelée du président de la République et de son entourage de poursuivre la traque des biens mal acquis n’a connu jusqu’ici aucune suite». Pire poursuit-il, la traque semble aujourd’hui se muer en protection surtout de ceux d’entre les suspects qui ont accepté le jeu honteux de la transhumance théorisée par le chef de l’Etat. Tout compte fait, soutient-il, «la décision de l’élargissement de Karim Wade, si elle advenait, ne pourrait avoir comme conséquence que la fragilisation de notre système judiciaire déjà très mal en point du fait de la mainmise de l’exécutif».
Sidy DIENG (Correspondance Walf Quotidien)