Omar Mateen, l’auteur présumé de la tuerie du club gay d’Orlando, la pire fusillade qu’aient connu les Etats-Unis, a prêté allégeance à Daesh au cours de son massacre. Mais ses liens avec l’organisation jihadiste, ainsi que son processus de radicalisation, restent encore flous.
Comment Omar Mateen en est-il venu à prendre les armes pour aller perpétrer la pire tuerie de masse de l’histoire des Etats-Unis? Cet Américain d’origine afghane a ouvert le feu dans un club gay de la ville d’Orlando, en Floride, dans la nuit de samedi à dimanche, faisant 49 morts et 53 blessés.
Pourtant, s’il a prêté allégeance à Daesh lors de son appel au 911, et que l’organisation jihadiste a revendiqué l’attaque à deux reprises, le tireur présumé ne semble pas avoir agi sur ordre du groupe terroriste, ni avec son soutien en amont, et présente davantage le profil d’un “loup solitaire” que d’un combattant directement missionné par Daesh. Près de 48 heures après le massacre, les enquêteurs cherchent à savoir ce qui a poussé Omar Mateen à passer à l’acte.
Une radicalisation en ligne?
Dès lors se pose la question de sa radicalisation. Ce lundi, Barack Obama a affirmé, après s’être entretenu avec le directeur du FBI et le ministre de la Sécurité intérieure, que le tireur a pu être “inspiré par diverses sources d’informations extrémistes sur Internet”. Une hypothèse partagée par le FBI, dont le numéro un, James Comey, s’est dit convaincu qu’Omar Mateen s’est en partie radicalisé en ligne.
Toutefois, il n’y a toujours aucune preuve claire que le tireur était dirigé depuis l’extérieur, ni qu’il faisait partie d’un complot plus vaste. “Il a annoncé son allégeance à Daesh à la dernière minute mais il n’existe pas de preuve à ce stade qu’il ait été dirigé par eux”, a insisté Barack Obama.
Un lien encore flou avec la mouvance jihadiste
Le chef du FBI reste d’ailleurs prudent sur la véritable inspiration d’Omar Mateen, revenant sur ses propos tenus auprès du 911, pendant la tuerie.
“Durant ses appels, il a dit qu’il faisait cela pour le chef de l’Etat islamique (l’autre nom de Daesh, NDLR), qu’il a nommé et auquel il a prêté allégeance, mais il a aussi exprimé sa solidarité avec les auteurs des attentats du marathon de Boston et avec un homme de Floride qui est mort dans un attentat suicide en Syrie pour le front al-Nosra, un groupe en guerre avec Daesh”, a ainsi rappelé James Comey. Or le fait que les auteurs des attentats de Boston et le jihadiste de Floride n’étaient pas liés à Daesh “ajoute un peu confusion quant à ses motivations”, a-t-il fait valoir.
Pour l’heure, l’enquête démontre en tout cas qu’Omar Mateen avait un certain lien, encore flou, avec la mouvance jihadiste. Il était d’ailleurs dans le radar des autorités américaines, et était notamment suivi par le FBI, qui l’avait interrogé à deux reprises, en 2013 et 2014, pour “d’éventuels liens avec des terroristes”. Mais ces enquêtes avaient été classées sans suite. Selon CNN, le tueur s’était rendu en 2011 et 2012 en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis pour y effectuer des pèlerinages religieux.
Sa famille, elle, lui reconnaît bien des travers mais jure que son acte n’était en rien lié à la religion, y voyant plutôt des motifs homophobes. Son père a ainsi expliqué qu’Omar Mateen ne supportait pas de voir des hommes s’embrasser. Evoquant un passé marqué par les violences conjugales, son ex-compagne a quant à elle affirmé qu’elle ne l’avait jamais entendu soutenir le terrorisme.
Par Adrienne Sigel