Nul n’est censé ignorer la loi, alors sachez-le : le coassement des grenouilles peut être considéré comme du tapage nocturne ! Ces bruyants batraciens peuvent ainsi, s’ils ont élu domicile chez vous, vous valoir une condamnation devant un tribunal. Cette mésaventure vient de survenir à Annie et Michel Pecheras, un couple vivant à Grignols, un petit hameau situé en Dordogne, non loin de Périgueux. Leurs voisins, exaspérés par les quelques dizaines de grenouilles installées dans leur mare, ont porté plainte il y a maintenant plusieurs années, exigeant la mise à mort du plan d’eau de 300 mètres carrés. En 2012, statuant en première instance, le tribunal de Périgueux les a déboutés de leur demande, donnant raison aux Pecheras. Seulement voilà : saisie à son tour, la cour d’appel de Bordeaux, elle, n’a pas suivi. Elle a considéré que le chant des rainettes à la saison des amours (qui dure environ deux mois), évalué à 63 décibels par un expert, constituait une réelle nuisance sonore. Elle a condamné Annie et Michel Pécheras à combler leur mare.
Une mare plus que centenaire
Le couple est dans l’incompréhension. «C’est un endroit très paisible. Moi, je viens me reposer ici une demi-heure tous les soirs», raconte Annie, citée par France Bleu Périgord, les larmes aux yeux à l’idée que ce « petit paradis » puisse disparaître. «On est à la campagne, c’est malheureux de ne pas pouvoir supporter le bruit des animaux », renchérit son mari. Selon eux, la mare est inscrite au cadastre du village depuis plus d’un siècle. Aussi le couple envisage-t-il de se pourvoir en cassation, en dépit des importants frais de justice qu’ils ont déjà été contraints d’engager. Tous deux espèrent parvenir à faire reconnaître l’utilité de leur mare. «Si les pompiers doivent venir éteindre un feu, c’est le point d’eau le plus proche», argue Michel, qui a également contacté l’association de défense des animaux sauvages pour l’aider à défendre cette «zone humide» menacée.
Le Point