C’était un 31 mai 2002. Ce jour-là, l’équipe nationale du Sénégal joue la France en ouverture du mondial asiatique. Un joueur débordait du coté gauche, se jouait de la défense française avant de donner une passe décisive à son coéquipier pape Bouba DIOP qui inscrivait l’unique but du match. Cet homme, c’est El hadji Ousseynou Diouf. Un an après, Liverpool se déplaçait en Ecosse pour jouer Celtic Glasgow en coupe UEFA. Un joueur de Liverpool crachait sur un supporter de l’équipe adverse. Le joueur en question est El hadji Diouf. Voilà à quoi se résume la carrière de ce footballeur au talent immense. Adulé par le grand public pour son talent, décrié par certains pour son caractère de « Bad boy », le personnage laisse personne indifférent.
El Hadji Ousseynou Diouf a illuminé de ses dribbles et son intelligence dans le jeu la Can 2002 au Mali et surtout la coupe du monde asiatique de la même année. Mais, à coté de ce génie, il y a ce caractère de Bad boy qui lui a sans doute porté préjudice dans sa carrière. Pourtant, Diouf pouvait avoir un palmarès plus reluisant, tellement il sait jouer au foot. Ancien capitaine de l’Olympique de Marseille, Habib BEYE connait bien l’homme pour avoir partagé avec lui la même équipe. Parlant de leur génération de 2002 qu’on accusait d’être un groupe de fêtards, il déclarait dans les colonnes du quotidien Stades : « Vous avez des joueurs comme Habib BEYE qui était un joueur plus ou moins simple à gérer, vous avez aussi un El Hadji Diouf qui est difficile à gérer ». Ces propos de BEYE en disent long sur le comportement de Diouf en équipe nationale. Cependant, on a beau critiquer sa ligne de conduite, El hadji Diouf reste un très grand joueur.L’ancien latéral ajoute: « je l’ai vu évolué. Tout le monde lui tapait dessus. Il disait : « attendez le jour du match. Je vais vous montrer ce que c’est. Il marque un, deux ou trois buts».
En France, on se souvient d’un Diouf qui fut l’un des meilleurs joueurs de la Ligue 1 avec son club Lens mais pas que cela. A l’été 1999, le stade rennais le recrute contre 5.35 millions d’euros. Il y joue 28 matchs et marque 1 but. Cependant, son passage en Bretagne est marqué par un accident de la circulation en mars 2000 alors qu’il conduisait sans permis. Cet accident lui vaudra une comparution devant un tribunal. Et que dire de son aventure anglaise !!! En 2002, Liverpool le rachète pour 18.5 millions d’euros. Pour sa première saison, il gagne la League cup et marque 3 buts. La seconde saison est cauchemardesque. Ses relations avec son entraineur se détériorent au point qu’il refuse de s’entrainer. Il ne marquera aucun but et acquiert une image de Bad boy. Gérard houiller son coach à l’époque dira dans le quotidien français l’Equipe : « Diouf a été la déception de mon recrutement et pourtant, il a un gros potentiel. Mais, il n’a jamais été régulier et par moments, il n’a pas donné une bonne image du club et cela m’a sans doute porté préjudice». Certains joueurs de Liverpool vont parler de lui comme étant l’une des pires recrues que le club ait faite. Dans son autobiographie, Steven Gérard a évoqué le passage du Sénégalais à Anfield : «Il me semblait que Diouf n’avait pas de réel intérêt dans le football, et qu’il ne se souciait pas de Liverpool. Par exemple, la façon dont il a craché sur un fan du Celtic dans un match de Coupe UEFA à Parkhead en mars 2003, résume son attitude méprisante et rancunière, explique-t-il dans un passage. L’ancien capitaine des Reds de poursuivre: « Quelques personnes depuis m’ont demandé si je voyais une comparaison entre Diouf et Mario Balotelli, j’ai toujours répondu non. J’ai du respect pour Balotelli, je n’en ai aucun pour Diouf ». Jamie Carragher est un ancien des reds de Liverpool. Et, quand il s’agit de parler de Diouf, l’ancien défenseur n’y va pas de main morte. «Mon pire coéquipier doit être El Hadji Diouf. En fait, j’ai bien aimé jouer contre lui car je pouvais lui mettre des coups, alors que vous ne pouvez pas le faire avec vos coéquipiers», déclare-t-il au site ScouseBirdProblems.
Nonobstant son caractère, Diouf est le seul footballeur sénégalais à avoir gagné le ballon d’or africain. Il a été sacré deux fois de suite, en 2001 et 2002. Ces distinctions illustrent parfaitement que ce joueur est un crack du ballon rond. Khalilou FADIGA était sans doute le joueur le plus proche de l’ancien Lensois en équipe nationale. Dans une interview à So Foot, l’ex Auxerrois a dit tout le bien qu’il pensait de son compatriote : « Lorsque Diouf a reçu son deuxième Ballon d’or africain, il m’a dit qu’il pensait que j’allais l’obtenir. Certains diront que je suis plus technique, qu’il est un petit peu individualiste, mais c’est son rôle. Dans son domaine, c’était le meilleur et dans le mien j’étais l’un des meilleurs», a t-il indiqué. Pour ses anciens coéquipiers en équipe nationale, Diouf est un exemple quand il s’agit de défendre le maillot national. Aliou CISSE était le capitaine de la génération 2002. Récemment, il invitait les joueurs de l’équipe nationale à prendre comme référence George WEAH, Jules BOCANDE et un certain El Hadji Diouf.
Depuis la génération 2002, l’équipe nationale du Sénégal peine à se qualifier à une coupe du monde. El Hadji Diouf était 7e meilleur joueur de la compétition. Malgré cette image de bad boy qui lui colle à la peau, Diouf est certainement le meilleur footballeur que le Sénégal ait connu. En atteste sa distinction en 2007 (il a été élu meilleur footballeur sénégalais des 50 dernières années). Pour le moment, les Sénégalais croisent les doigts et espèrent avoir un autre joueur aussi talentueux voire même plus que ce génie du ballon rond.
Fallou MBAYE WALFNET