Les amphis presque vidés par leurs occupants. Des pierres en abondance jonchent les trottoirs. Une épaisse fumée irrite les yeux, une odeur nauséabonde titille les narines. C’est l’effet des bombes lacrymogènes jetées par les policiers. Plus loin, des forces de l’ordre, armées jusqu’aux dents, font le pied de grue, guettant un groupe d’étudiants susceptibles de semer la pagaille. C’est le décor qui a prévalu, ce matin, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Dans cette ambiance, les étudiants de la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) affrontent les policiers. De temps en temps, les flics chargent, histoire de disperser les manifestants qui se forment en groupes. Ils finissent par encercler le campus. De leur côté, les étudiants reculent par moments, mais ce n’est qu’un repli stratégique pour revenir à la charge. Et c’est parti pour plusieurs heures d’affrontements avec les éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI) détachés sur les lieux selon la circonstance. Les confrontations débutent vers 9 heures passées de quelques minutes, après le front organisé par l’Amicale des étudiants. La manifestation sera interrompue par les grenades lacrymogènes lancées par les policiers, munis de leurs boucliers et de leurs masques.
Cette grève illimitée décrétée par l’Amicale des étudiants s’explique par la non-admission de 256 d’entre eux, titulaires de licence, en Master. Et la décision des professeurs, de procéder par élimination à la sélection pour le second cycle accentue la tension. «Par rapport au système Lmd, les textes disent qu’on ne saurait harmoniser le principe de la sélection sur le plan national, du fait de la typologie des facultés, c’est-à-dire que dans certaines facultés comme la nôtre on ne peut pas appliquer la sélection», explique Mansour Ndiaye, président de l’Amicale. Or, ajoute-t-il, «le décret de 2013 indique dans son nouvel article que pour s’inscrire en master, l’étudiant doit avoir sa licence ou un diplôme équivalent jugé par la réglementation».
WALF