En se produisant demain samedi 4 juin sur la scène de Paris-Bercy, le jeune chanteur Wally Ballago SECK marche sur les pas de Youssou Ndour. Ce dernier était jusque-là, le seul artiste sénégalais a y avoir organisé à maintes reprises des concerts annuels. Pour oser un tel challenge, le fils du chanteur Thione Ballago Seck s’est basé sur son accession fulgurante sur la scène nationale en un laps de temps. Car son premier single Bo-Dioudo remonte à 2007 après l’échec de son rêve de devenir un footballeur professionnel en Europe. Comment le chanteur en est-il arrivé là en neuf ans ? Selon le musicologue Ousmane SOW Huchard, Wally SECK bénéficie d’un héritage paternel, il est le «fils d’un grand artiste qui a fait un grand parcours dans la musique sénégalaise». Au-delà du père, l’interprète de Louné (2012), album de la confirmation, profite du legs d’un clan, toute cette fratrie d’oncles chanteurs : Mapenda Seck, Ousmane Seck, Assane Ndiaye, etc. Une bonne assise pour un bon départ. Mais précise M. SOW Huchard, Wally SECK conscient de cet avantage a repositionné son succès sur les jeunes. «Il a un style pluriel tant du point de vue musical que vestimentaire. C’est un artiste qui colle aux besoins de la jeunesse, le chouchou des jeunes de son âge», analyse le musicologue.
Au regard de sa discographie, soutient-il, la moitié du répertoire de l’interprète de Mame Boye, titre du maxi album Xel sorti en décembre 2015, est basé sur l’amour. «La plupart de ses chansons, c’est sur l’amour, ce qui intéresse les plus jeunes», indique l’ancien lead vocal du Wato Sita (un orchestre des années 70 mis en place par le musicologue et muséologue). Pour mieux analyser la place qu’occupe aujourd’hui le jeune artiste l’expert en musique le compare à Youssou NDOUR «l’artiste planétaire». Selon lui, si on essaie de comprendre sur quoi repose le succès de Wally Seck qui vient tout juste d’émerger alors que Youssou Ndour a un long parcours qui jalonne l’évolution du Mbalax au Sénégal, avec un répertoire qui colle à plusieurs centres d’intérêts (environnement, famille, l’amour…), il a tout chanté, c’est parce que le jeune SECK «chante, danse et bouge beaucoup sur scène, c’est la star des jeunes».
L’autre atout de Wally SECK mis en exergue par le musicologue est son style de chant «original, avec sa voix belle, suave et langoureuse qui plaît surtout aux jeunes filles». L’artiste, reconnaissent certains, a un style particulier, voir touchant du point de vue du langage musical. Sans entrer dans un jugement beaucoup plus global du style de musique en prenant en compte son orchestration, le musicien manipule bien sa voix. Wally SECK, reconnait-on, chante bien avec un style de chant original et différent de celui de son père Thione Ballago SECK, un «excellent parolier, un bon chanteur d’amour». Le fils est dans une voie assez cool, des strophes courts, pas d’envolées longues comme les aime son père.
Travail et talent : La combinaison gagnante
Pour bon nombre d’observateurs de la scène musicale sénégalaise, cette ascension de Wally Ballago SECK est dans l’ordre normal des choses. Car le jeune chanteur, malgré son âge 29 ans, capitalise des années d’expérience derrière son père. «Combien de fois il a eu à faire les chœurs pour son père, à jouer ses premières parties, à assurer l’animation avant son arrivée sur scène, ce sont des moments d’apprentissage de la scène et de la chanson bénéfique si l’on connait l’exigence et la rigueur de son père», fait savoir le directeur du label La Factory, Ousmane FAYE chez qui Wally SECK a enregistré son album Louné en 2012. C’est ainsi que toutes ces années passées à côté de son père ont permis au chanteur de connaître l’environnement de la scène, du showbiz, mais surtout de se développer artistiquement. C’est beaucoup de travail et de talent. Il a aussi par ricochet gagné la sympathie de ce même public qu’il a contribué à entretenir et à égayer jusqu’à l’arrivée de son père sur scène. «C’est quelqu’un qui a été beaucoup critiqué et même traité de certains noms d’oiseaux, mais les conseils d’autres gens, qui lui faisaient comprendre qu’il avait sa place sur la scène musicale, l’ont boosté, il a persévéré», témoigne Ousmane Faye qui a suivi les débuts de Wally SECK.
La baraka du père
L’encadrement dont a bénéficié le chanteur est une pièce maitresse dans sa trajectoire d’aujourd’hui. Il a été soutenu en son et en direction artistique par de bons musiciens professionnels aussi bien du Super Etoile que du Super Diamano Oumar SOW, Tapha FAYE, Pape Dembel DIOP, etc., dans l’album Louné. «Un travail de fourmi a été fait autour de lui, je me rappelle, ces musiciens ont aidé et échangé sur le sens de chaque morceau», souligne-t-on. Avec la persévérance de l’artiste, tout cela a été possible à Thione Ballago SECK qui «lui a donné la chance d’être derrière lui et de bénéficier de son expérience ».
A cette époque, 2006-2007, Wally SECK, drainait déjà des jeunes qui venaient de partout pour écouter ses premiers morceaux. «Il les faisait écouter les chansons pour avoir un retour».
Engouement autour de Wally SECK
Un artiste à la «Mode»
Wally Ballago SECK est un chanteur de son temps. Pour les sociologues qui voient la «Wallymania» comme un phénomène de société, de «mode et d’actualité» pour être beaucoup plus précis, reconnaissent cet effet d’entrainement de l’artiste vis-à-vis du jeune public de son âge. C’est parce que fait savoir l’expert en sociologie Jean Marcel NDIONE, «les jeunes se reconnaissent dans la façon de parler, l’accoutrement, le comportement, la manière de faire de Wally. Cela lui donne une certaine visibilité». Selon lui, le chanteur s’assimile à cette jeunesse. Le sociologue Djiby DIAKHATE abonde dans le même sens pour dire «Wally est un chanteur qui fait rêver les jeunes» et son accoutrement est du goût de cette frange de la population sénégalaise. Très à la mode occidentale capitalisée durant son long séjour de footballeur en Occident, il participe à la vulgarisation des fameux pantalons «piew», les couleurs osées portées par les garçons.
Le fils de Thione Ballago SECK attire l’attention sur lui. Et ceci ne date pas d’aujourd’hui. Selon l’un de ses camarades d’école au lycée Lamine Guèye dans les années 2004-2005, il a toujours été quelqu’un qui attire du monde autour de lui. «Il aimait la visibilité, on jouait tous les jours au football ensemble et on se retrouvait aussi devant la buvette de mère Fatou. A l’époque, on rivalisait dans la manière de faire la cour aux filles et on aimait bien s’habiller à la mode de ces années», témoigne ce camarade devenu sociologue. Pour lui, il n’y a rien de mal à suivre la mode, à s’habiller comme le fait Wally SECK parce que cela lui permet d’avoir une identité et de s’imposer. «C’est quelque chose de très important dans le showbiz actuel», dit-il même s’il reconnait que c’est un milieu mobilisé par les homosexuels. Avant d’ajouter : «Le problème du sac qui a défrayé la chronique n’est pas souhaité, c’est un incident de parcours qu’il faut dépasser». Pour Djiby DIAKHATE, il est la synthèse de plusieurs cultures à la fois traditionnelle avec une combinaison musicale, moderne avec des styles pluriels et aussi les prestations scéniques, chorégraphies qui le rend différent de ceux de sa génération et de ceux qui l’ont précédé.
Un Groupe de presse à sa disposition : D-Medias pour servir Wally Seck
Si certains s’arrêtent au talent et au travail abattu par Wally Ballago SECK pour expliquer son ascension, d’autres soulignent l’avantage qu’il a d’avoir un groupe de presse (télévision, radio et journal) à son service. L’organe D-Médias de son beau-frère Bougane GUEYE DANY accompagne la communication du chanteur. Même si d’autres télévisions l’invitent sur leur plateau, la vulgarisation de la musique, des concerts et autres actions du jeune artiste sont assurés dans le temps par le groupe de presse.
WALF