L’Etat du Sénégal a commencé à envoyer des réquisitions aux enseignants grévistes à Dakar et à l’intérieur du pays. Mais cet état de fait laisse de marbre les concernés. Ils sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur lutte.
Le gouvernement du Sénégal n’a pas tardé à mettre sa menace à exécution. En effet, par le biais des autorités administratives et des inspecteurs d’académie, des lettres de réquisition ont été envoyées à des enseignants grévistes. Ces cas de mesures ont été confirmés par le coordonnateur du Grand cadre. Joint, hier, par téléphone, Mamadou Lamine Dianté affirme qu’à Dakar et à Thiès, les inspecteurs d’académie respectifs ont «envoyé des lettres d’avertissement à leurs collègues». «Ces menaces sont restées vaines. Car nos camarades et nos collègues que nous avons saisis affirment qu’ils sont sereins et ils ne sont nullement perturbés», souligne M. Dianté. Qui ajoute qu’à Khoungueul, le préfet a utilisé la gendarmerie pour envoyer des réquisitions, que l’autorité administrative lui-même a signées, aux enseignants. «Nos collègues, eux aussi sont restés imperturbables. Ils disent qu’ils vont se soumettre aux décisions prises par leurs syndicats respectifs», indique le Coordonnateur du Grand cadre. Seulement, Mamadou Lamine Dianté, par ailleurs Secrétaire général du Saemss-Cusems a fustigé la procédure enclenchée par l’autorité départementale. «Pour les réquisitions, c’est le président de la République qui signe un arrêté pour qu’elles soient exécutées mais pas le préfet. Cela est une négation du droit de grève», dénonce-t-il.
- Dianté a, en outre, démenti l’information selon laquelle des enseignants ont commencé à donner des notes au niveau de Diourbel depuis que les réquisitions ont été formulées par l’Etat. «C’est faux, il n’y aucune réquisition servie à un enseignant à Diourbel», soutient-il. En revanche, le Coordonnateur du Grand cadre indique que ces mesures ont plutôt renforcé leur unité. A l’en croire, tous les enseignants sont restés mobilisés derrière leurs syndicats respectifs. «Nous campons sur notre position. Tous nos plans d’action vont continuer», affirme-t-il.
Mardi dernier, le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam avait annoncé que le gouvernement du Sénégal a pris des mesures pour réquisitionner les enseignants grévistes. Ces derniers sont contraints de donner les notes aux élèves et à l’administration scolaire. Mais les syndicats regroupés au sein du Grand cadre et du Cusems n’ont pas été bouleversés par ce qu’ils qualifient de «menaces stériles». Non seulement ils sont prêts à en découdre avec leur ministre de tutelle mais aussi ils vont attaquer l’Etat du Sénégal devant la justice.
Mamadou GACKO