Lancés en décembre 2014, les travaux de reconstruction de la route Fatick-Kaolack viennent à peine d’être commencés. Et dans un contexte où les victimes d’accidents de la circulation se comptent par dizaines, les esprits se tournent naturellement vers le Premier ministre, lui qui s’en était vigoureusement pris aux organisateurs du Forum national de l’administration pour un retard et qui avait procédé au lancement des travaux.
Les accidents de la circulation se multiplient ces derniers jours. Les victimes se comptent par dizaines. Dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 avril dernier, un accident, d’une rare violence, a fait huit morts et 52 blessés. Tandis que les sanglots retentissaient encore, un autre accident est survenu hier, dans la même région de Kaolack, allongeant un peu plus la liste déjà longue des victimes. Et comme toujours, en plus de l’irresponsabilité de beaucoup de chauffeurs, l’état des routes est souvent mis en cause. Et dans le lot des routes dégradées, le tronçon Fatick-Kaolack occupe une place de choix. Il n’était même plus question de nids de poule au beau milieu de la chaussée mais de gigantesques trous ressemblant à des puits. Les chauffeurs qui l’empruntaient régulièrement avaient fini par tracer, n’en déplaise à dame nature, une piste parallèle de contournement pour préserver leurs véhicules déjà éprouvés.
La dégradation avancée de cette route aussi stratégique n’a pas échappé au régime du Président Macky Sall. En octobre 2013 déjà, Aminata Touré, alors Premier ministre, indiquait que les travaux de réhabilitation allaient débuter en 2014. «L’argent qui doit être investi pour les travaux est estimé à 10 milliards de francs Cfa et on l’a inclu dans le budget de 2014», avait-elle expliqué.
Aminata Touré, emportée par les élections locales de juin 2014, n’aura pas le temps de constater, en tant que chef du gouvernement, que 2014 allait finir sans que les travaux qu’elle avait annoncés ne commencent. En effet, en décembre 2014 son remplaçant à la primature, Mahammed Boun Abdallah Dionne va prendre le dossier en main. Mais alors que les usagers du tronçon attendaient un démarrage effectif des travaux, le Premier ministre s’était satisfait d’un lancement, en grandes pompes. «Vous comprendrez donc aisément l’empressement que j’éprouve pour le lancement des travaux de reconstruction de la route Fatick – Kaolack qui permettront à cet axe important de pouvoir jouer pleinement son rôle dans les échanges entre le Sénégal et les pays limitrophes et de soulager les souffrances des populations», avait observé le Premier ministre qui renseignait par la même occasion que les 10 milliards annoncés par son prédécesseur n’étaient plus de rigueur. Il était désormais question «d’environ 16,4 milliards de F Cfa», selon lui.
Seulement, malgré le coût des travaux revu sensiblement à la hausse et les discours de bonnes intentions, le tronçon, long de quelque 42 kilomètres seulement, n’est toujours pas praticable. Pis, les travaux viennent à peine de commencer, plus de 16 mois après leur lancement. Suffisant pour pousser de nombreuses populations à s’interroger sur les priorités du gouvernement. Un gouvernement dont le chef s’insurgeait dernièrement contre le retard que les organisateurs avaient observé dans le démarrage d’un film à l’occasion du Forum national de l’administration. «Je pense que pour ce forum dont l’objectif est justement de magnifier le renouveau du service public tel que souhaité par le chef de l’Etat, on devait montrer une autre image de l’administration devant le chef de l’Etat en tant que chef de l’administration. J’ai éprouvé une honte parce que le film n’a pas démarré à temps», avait martelé Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Qui pour lui rappeler que les populations, qui ont élu le chef de l’Etat, attendent cette route depuis plusieurs années déjà ?
Mame Birame WATHIE