L’Etat n’a pas tenu parole. De nombreux voyageurs détenteurs de billets de la compagnie nationale Senegal Airlines subissent depuis hier les dégâts collatéraux de sa brusque liquidation. Plusieurs passagers qui avaient déjà achetés leurs tickets avec la défunte compagnie ont été bloqués hier à l’aéroport Léopold Sedar Senghor de Dakar. Parmi eux, une centaine de Guinéens qui devaient être transportés par Brussels Airlines, en vertu d’un accord liant les deux compagnies, n’ont pu prendre l’avion hier, selon un média guinéen qui a joint à Dakar des passagers. Mais, Senegal Airlines n’ayant plus une existence juridique, la compagnie belge a signifié aux passagers qu’il n’est plus question qu’elle les transporte. Ce qui n’a pas manqué de créer colère et frustrations au sein de ses autres victimes de la faillite de la compagnie mise sur place en 2009 et qui croulait sous le poids d’une dette estimée à 65 milliards de francs Cfa. Mais, le plus troublant dans cette faire est que, lundi dernier, en annonçant la fin de la convention de concession des droits de trafic signée le 22 juillet 2009 avec Senegal Airlines, le ministère du Tourisme et des Transports aériens assurait que toutes «les dispositions ont été prises pour qu’il n’y ait pas de rupture du service préjudiciable aux passagers initialement pris en charge par Sénégal Airlines. Il s’agit notamment de permettre aux autres compagnies opérant sur ses destinations de se substituer provisoirement à Sénégal Airlines». Que nenni. Les passagers qui se sont rabattus vers les agences de la compagnie en centre-ville et à l’aéroport de Dakar dans la journée d’hier n’ont vu aucune perspective de solution à leur calvaire. En effet, à partir du moment où l’Etat a retiré ses droits de trafic à la compagnie aérienne, elle n’a plus le droit de transporter un passager, de la marchandise et de la poste.
Ainsi, incapable de se substituer à Senegal Airlines pour faire éviter aux passagers ayant déjà acheté leurs billets tout désagrément, l’Etat aurait dû laisser à la compagnie un mois au moins pour arrêter les vols et fermer définitivement, d’autant plus qu’officiellement rien ne presse. Mais, tous ses couacs démontrent à suffisance l’impréparation de la liquidation du pavillon national.
Seyni DIOP