Bounama Touré, plus connu sous le surnom de Toubabou Dior, est décédé hier au clinique Madeleine des suites d’une courte maladie. Avec une puissance de frappe extraordinaire qui a souvent envoyé chez Ardo ses adversaires, l’ancien lutteur avait fini d’imposer sa puissance dans l’arène. Retour sur le parcours de cet ancien champion de la lutte sénégalaise.
La faucheuse vient de frapper à la porte de l’arène sénégalaise. L’ancien champion des arènes des années 80, Toubabou Dior s’en est allé. La lutte perd ainsi une valeur sûre. «On vient de perdre un homme de conviction. Une valeur sûre de la lutte sénégalaise. Quelqu’un qui avait un franc parlé. Un bon technicien de la lutte. Un homme de l’islam, un ami, un confident. Toubabou Dior n’a jamais cautionné l’injustice», témoigne son ami et ancien lutteur, Birahim Ndiaye, avant de revenir sur ses derniers moments de communion avec le défunt Toubabou Dior «C’est hier (avant-hier) que je l’ai vu pour la dernière fois. J’étais de passage chez lui parce qu’il devait donner sa nièce en mariage. Il disait qu’il avait des maux de tête et c’est ainsi qu’il m’a demandé de le représenter à cette cérémonie», explique le directeur technique de l’école de lutte Sakou xam xam sur les ondes de la Rfm.
Bounama Touré de son vrai nom, Toubabou Dior, ancien pensionnaire de l’écurie de Fass mais aussi mécanicien de profession, son passage dans le monde de la lutte avec frappe laisse derrière lui beaucoup de souvenirs. Sa puissance de frappe et sa rage de vaincre sont connues de tous les adversaires qui ont eu à le croiser. Les amateurs n’oublieront jamais ses combats de haute facture livrée notamment avec l’ancien roi des arènes Manga 2, en 1998. «Je me rappelle de ce combat. C’était vraiment le meilleur combat de Manga 2. Les deux lutteurs ont ce jour-là fait preuve de bravoure. Ils ont livré un combat de titan. Manga 2 avait presque dirigé tout le combat mais malheureusement il s’est retrouvé à terre après un faux pas et Toubabou Dior a pris le dessous sur lui», se souvient Mbacké Fall, un ancien amateur de la lutte. D’ailleurs une vraie rivalité a marqué la carrière de ses deux lutteurs. Des problèmes qui se sont prolongés même jusqu’à la fin de leurs carrières, au niveau de l’Association des anciennes gloires de la lutte dirigée par Manga 2. Une assemblée ou ces deux vieux routiers ne parlaient pas le même langage.
Son dernier combat contre Mouhamed Ndaw Tyson avait aussi marqué son parcours. Lui qui était alors en fin de carrière avait livré un combat épique contre le chef de file de Boul Falé. Pourtant, le vieux briscard avait mis Ko debout Tyson, l’étoile montante de l’arène à l’époque avant de perdre le combat. Marx Mbargane témoigne : «Toubabou Dior n’a jamais reculé devant un adversaire. Quels que soient le poids et la force de son vis-à-vis, il n’hésitait jamais à provoquer. Il avait une force de frappe redoutable. La preuve, lors de son dernier combat face à Tyson, personne n’attendait voirToubabou Dior échangé des coups avec son adversaire parce que Tyson était plus jeune que lui et plus apte physiquement.»
Un autre combat du défunt Toubabou Dior qui restera toujours dans les annales, est celui qui l’a opposé à Double Less. Ses coups de poings démolisseurs n’avaient pas épargné l’ancien seigneur des arènes. Toubabou Dior va livrer 40 secondes de combat acharné contre Less avant de le terrasser. Une défaite qui précipita le départ à la retraite de Double Less dans l’arène.
De sa Mbour natale (Téni Toubab dans la commune de Mbour) à la capitale, Toubabou Dior a fait toujours preuve de courage, d’endurance et surtout de ténacité durant toute sa vie. Mécanicien dans une autre vie, l’ancien lutteur de l’écurie de Fass est aussi connu comme proche de Tanor Dieng à qui il assurait la sécurité. Il est aussi le fondateur de l’écurie médina qui a vu naître beaucoup de champions.
Ndéné BITEYE