Malgré une campagne électorale menée avec beaucoup de bruit dans tous le pays, le camp du pouvoir n’a pas réussi son pari : Celui de faire voter massivement les Sénégalais au référendum. Le taux de participation est très faible environ 30%.
Le taux le plus faible que le Sénégal a connu jusqu’ici si on se réfère aux dernières consultations référendaires. En effet, le référendum de 2001 convoqué par l’ancien Président Wade avait enregistré un taux de participation de 65,74 %. Le «Oui» l’avait remporté avec 94 % contre 6 % pour le «Non». En 1963, le premier référendum organisé par Senghor pour la suppression du poste de Président du conseil avait connu un taux de participation de 94,3 %. Le «Oui» l’avait remporté à hauteur de 99,45 %. Le taux de participation du second référendum de 1970 pour le poste de Premier ministre était de 95,2 %. Le «Oui» avait triomphé avec 99,96 %.
Ce faible taux de participation dévoile donc un véritable camouflet pour Macky Sall et son régime qui ne sont pas parvenus à convaincre les Sénégalais de la nécessité de se prononcer sur les réformes institutionnelles contenues dans les 15 points annoncés en grandes pompes. Ce faible taux de participation signifie donc un rejet de la révision constitutionnelle par la quasi-totalité du peuple sénégalais si on y ajoute les milliers de voix obtenues par le camp du «Non» à ce référendum.
Mais le pouvoir ne devrait pas être surpris de voir la majorité des Sénégalais tourner le dos à ce référendum qui a été vidé de tout son sens par le chef de l’Etat lui-même qui est revenu sur sa décision de réduire son mandat comme il l’avait promis à l’entre-deux tours de la présidentielle de 2012. Préférant ainsi se refugier sous le parapluie du conseil constitutionnel qui a opposé son veto. Il est clair que la majorité des Sénégalais qui sont allés aux urnes ou qui sont restés à la maison, étaient beaucoup plus intéressés par le mandat présidentiel que par les 14 autres points obscurs. D’ailleurs le ministre conseiller juridique du Président Sall, auteur du texte l’a avoué. «Il y a une erreur à déconstruire, ce référendum ne porte pas sur 15 points. Le référendum porte sur un projet de loi où il y a 18 articles. Les 15 points, c’est à des fins de marketing politique, de communication politique. On vend le texte», a indiqué le Pr Ismaïla Madior Fall au cours d’un débat. Poursuivant, il a ajouté que, «les populations, on ne peut pas les faire entrer dans les alinéas, c’est compliqué».
La leçon à retenir, est qu’aucun projet de loi constitutionnelle n’aura été aussi impopulaire que celui proposé ce 20 mars aux Sénégalais par Macky Sall. Il faudra également souligner que ce référendum a révélé que la cote de popularité du Président Sall a fortement baissé surtout si on la compare avec le plébiscite qu’il avait obtenu à la présidentielle de 2012, mais aussi aux législatives de la même année.
WALF