En plus du taux d’abstention record, le référendum du 20 mars a été marqué par des manquements sur l’ensemble du territoire. Dans des localités comme Touba, Médina, Grand-Yoff, Yoff ou Parcelles assainies, des électeurs importés et des mandataires du «Non» sans listes d’électeurs ont été notés sur le terrain.
Le référendum d’hier a été entaché par des dysfonctionnements et de heurts sur la majeure partie du territoire. Partout, les représentants du «Non» n’ont pas eu à leur disposition les listes d’électeurs. Au Plateau à Dakar, Grand-Yoff, Yoff, Parcelles assainies, Pikine, Rufisque, Kaolack et Touba, les citoyens et représentants politiques ont dénoncé ces manquements «imputables au ministre de l’Intérieur chargé de l’organisation du référendum». Pour Khalifa Sall, le maire de Dakar, qui a voté à Grand-Yoff, ces irrégularités peuvent être considérées comme des fraudes. Mais le plus grave, relève-t-il, «ces assesseurs et secrétaires de bureau qui ont voté à Grand-Yoff sans que leurs noms ne soient sur les listes, violent le droit de vote, car ce sont des électeurs que l’on nous impose». Le maire de Dakar chiffre ces «électeurs importés» dans sa localité à environ 200 votants supplémentaires.
A Grand Yoff, une bagarre rangée a été notée entre les partisans de Khalifa Sall et ceux de Adama Faye, le frère de la Première dame. M. Faye a été accusé d’avoir recruté des nervis dans le but d’intimider le camp du «Non». Jets de pierre contre des armes blanches brandis. La police a dû intervenir pour séparer les deux camps. Des heurts sont notés à la Médina entre les partisans du maire de la Médina, Bamba Fall et ceux du porte-parole de l’Apr, Seydou Guèye. C’était à l’avenue Blaise Diagne. Tout est parti d’une banderole favorable au «Non» accrochée sur les grilles de la mairie de la Médina. Cette affiche a été déchirée par les partisans de Seydou Guèye. Ce qui a provoqué l’ire des partisans du maire Bamba Fall qui ont riposté par des jets de pierre. Le calme est revenu après l’intervention de la police.
A Guédiawaye, à Yoff, Touba, au Plateau, l’achat de conscience noté durant la campagne, s’est prolongé pendant le scrutin d’hier. A Sam-Notaire Badara Diouf du front du «Non» a accusé Adja Dieynaba Fall d’offrir de l’argent aux électeurs. Ce que cette dernière a nié. «Je ne dirais à personne de voter pour tel où tel camp», lance-t-elle. A Yoff, le même constat a été fait par El Hadji Ndiaye, chargé de la communication du front du «Non».
Des électeurs désorientés au Plateau
Les changements de lieux de vote au Plateau ont porté préjudice à certains électeurs. L’école Bibi Ndiaye, le plus grand centre de vote, a été transférée à l’école Malick Sy. Un changement qui a désorienté les électeurs. Beaucoup n’ayant pas eu l’information à temps, ont rebroussé chemin. Une influence au vote a été aussi notée. Avec des astuces simples, des responsables ont eu à donner des consignes de vote.
200 électeurs privés de vote à Touba
Les couacs semblent être plus énormes à Touba où des citoyens ont indiqué au micro du correspondant de Walf Tv, qu’ils ont été privés de vote. Les raisons ? Le centre de vote où ils devaient normalement accomplir leur devoir civique a été déplacé dans un lieu inconnu. «Nous avons été orientés dans un autre centre, arrivés là-bas, nos noms n’étaient pas sur les listes», relate un électeur. Cet incident s’est passé dans l’arrondissement de Sam Lam dans la commune de Touba. Selon Serigne Bara Doli, «c’est inacceptable et intolérable que des choses de ce genre se passe dans la ville de Touba». Autres problèmes soulignés dans cette commune à Darou au bureau de vote Serigne Niane, un nervi ayant à sa possession deux machettes a été menotté par la police. A Touba toujours, selon Mamadou Mactar Sarr, correspondant de Walf Tv, 30 bureaux de vote n’ont pas eu de président jusqu’à 13 heures. Un responsable de l’Apr dans cette localité exige à ceux qui avaient reçu de l’argent de la part du parti de rendre compte. Car pour lui, les électeurs n’ont pas été transportés pour accomplir leur devoir de vote. La mauvaise impression des bulletins de vote du «Non» a été dénoncée à chaque fois dans les centres de vote sur l’ensemble du territoire.
A cela s’ajoutent les nombreux signalements de Sénégalais basés à l’extérieur faisant état de bureaux de vote supervisés par les seuls représentants de l’Etat dans ces pays.
WALF