Des journalistes, techniciens de l’information et animateurs de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS), – de la rédaction centrale comme ceux des stations régionales -, sont sans salaire depuis trois mois. Ils sont des pères et mères de famille, mais n’osent pas manifester leurs désarrois de peur d’être virés. Car leurs collègues de Ziguinchor qui se sont fait entendre en dénonçant leur difficile situation de vie sans salaire ont été tous renvoyés. «Ils ont osé et ils ont été virés et cela a découragé les autres.
Nous avons peur de parler pour ne pas se retrouver dans la même situation qu’eux, car certains sont diabétiques et sans prise en charge médicale, ils n’ont que leur salaire pour se soigner donc obligés de venir travailler», font savoir certains qui se sont exprimés hier dans l’anonymat. Mais poursuivent-ils, «sans un salaire que l’on ne perçoit pas depuis trois mois, c’est trop et très difficile». Ces agents considérés comme des prestataires de services même s’ils travaillent à temps plein pour la RTS (radio et télévision) chaque jour peinent à recevoir leur cachet. Selon eux, la direction leur demande d’attendre, mais sans une échéance fixe. «Elle se soucie plus du référendum que de nos cachets», lancent-ils.
Moustapha Diop, directeur des ressources humaines interpellé par téléphone hier, soutient qu’en réalité, c’est deux mois d’arriérés de salaires dus à ces collaborateurs extérieurs, les mois de janvier et février. Cette situation s’explique, selon lui, par une étude interne qui est en train d’être menée par la direction. «C’est une situation transitoire, la direction a jugé mettre en place un fichier unique pour les collaborateurs extérieurs qui sont dans les stations régionales et ceux animant des rubriques dans les différentes émissions. Car avant, chaque direction de contenu avait son fichier, nous voulons unifier pour une bonne gestion, car pour certains, leur présence effective n’est pas prouvée», indique Moustapha Diop. Cette étude interne, fait savoir le directeur des ressources humaines de la RTS, vise à corriger les différences de traitement et les cachets dérisoires notés. «Depuis un an le Dg qui a vu les cachets dérisoires accordés à certains collaborateurs a prôné pour leurs augmentations», dit Diop qui fait savoir que c’est la mise en œuvre de cette étude qui a créé cette situation de deux mois d’arriérés de salaires. «La direction compte régler cette situation dans les plus bref délais», informe le Drh de la RTS.
La section SYNPICS de la boîte a été informée de la situation, selon ces travailleurs de la Rts. «Au lieu de se soucier de nous, le syndicat a plaidé pour l’augmentation des salaires des autres agents qui ont entre 15 % et 25 % – et a fait fi de notre problème», constatent-ils. Sollicité par téléphone le secrétaire général de la section SYNPICS de la RTS, Moustapha Cissé soutient qu’il n’a pas été saisi sur cette question, de même que l’intersyndical. Si toutefois la situation n’évolue pas, ces agents de la RTS comptent informer le Bureau exécutif du Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication.
…Et dénoncent l’injustice régnante
Car au-delà des trois mois d’arriérés de salaires réclamés, ces journalistes et techniciens de l’information dénoncent l’injustice qui sévit dans l’audiovisuel public. Certains d’entres-eux sont à la Radiodiffusion télévision sénégalaise depuis 2008, d’autres ont fait treize ans sans voir leur statut de prestataires ou collaborateurs évoluée. Ils ne veulent pas aller dans d’autres organes de presse, car ils estiment ne connaître que la RTS à qui ils ont tant donné. «C’était depuis le règne de Babacar Diagne, Racine Talla à son arrivée avait prôné la rupture en promettant d’embaucher les gens, jusqu’ici rien n’a été fait dans ce sens», fustigent certains. D’autres trouvent anormal que leurs promotionnaires soient embauchés avec des contrats à duré déterminée ou indéterminée (Cdd ou Cdi). «Il y a des contractuels qui n’ont même pas le certificat, c’est frustrant», indiquent-ils. Aujourd’hui, ces travailleurs de la RTS veulent s’ouvrir à la presse, sensibiliser les jeunes qui sont dans la même situation et dénoncer cette injustice qui sévit à la RTS.
WALF