Comment une femme peut-elle s’épanouir et gagner dans une société oppressive ? C’est le débat que l’écrivain Hulo Guillabert pose dans son ouvrage intitulé «Dior, le bonheur volontaire», publié depuis 2011. Il raconte l’histoire d’une fille qui veut vivre son bonheur dans une société broyeuse.
L’auteur révèle que l’ouvrage est autobiographique à 80 %. Les sujets abordés sont ceux de l’enfance maltraitée, du mariage interreligieux, de l’intolérance de la société par rapport à des velléités individuelles, de la volonté dans le caractère féminin pour contourner les règles de la société. «La femme est opprimée que ce soit sur un petit détail ou globalement. Elle est plus opprimée dans les villages où elle supporte le poids de certaines choses. Même la femme moderne est opprimée, parce qu’il y a des moments ou elle n’est pas totalement libérée. On lui rappelle sa place de femme, qu’elle ne peut faire ou dire telle chose. La femme prend de plus en plus des ailes par rapport à des choses qui lui sont dictées, mais reste opprimée», fait-elle constater, samedi au musée de la femme Henriette Bathily, lors de sa conférence sur le thème de l’oppression des femmes dans le contexte de la journée des femmes.
Entre l’acceptation des règles et la bagarre
Opprimée, la femme doit agir, selon Guillabert. «Il y a au départ la volonté d’être heureuse», souligne-t-elle. C’est ce que veut Dior malgré les contraintes de la société. Mais la volonté et l’acceptation sont les deux faces d’une même médaille. A la fin, c’est la société qui broie les volontés d’être heureuses. «La victoire de Dior est la défaite de la société. Mais l’acceptation ne veut pas dire fatalisme», précise-t-elle, car il faut accepter pour pouvoir vaincre. D’après Hulo Guillabert, la leçon derrière ce qui arrive à Dior est qu’il y a une part d’acceptation et une autre de bagarre. Car elle ne se laisse pas aller par les aléas de la vie.
Il y a des conséquences à ne pas s’accepter. La non-acceptation de soi crée un problème d’identité. Il faut une revalorisation de soi. En cela Mme Guillabert diagnostique que notre (Elle s’adresse aux femmes : Ndlr) problème est dans la tête. Selon elle, les femmes ne s’acceptent pas. «On doit trouver notre estime de soi», invite-t-elle.
«L’Afrique ancestrale n’a jamais opprimé les femmes»
Mais la femme africaine n’a pas toujours été opprimée. Hulo Guillabert soutient que ce sont les valeurs plus récentes qui oppriment les femmes. «L’Afrique n’a jamais opprimé les femmes avant une certaine date», soutient-elle. Elle magnifie en ce sens la richesse de la sagesse des ancêtres. «Qu’on arrête de vilipender les ancêtres. Ils sont une part de nous-mêmes», plaide-t-elle en soulignant qu’il y a des sagesses dans la spiritualité africaine. Par exemple, les Dogons découvrent l’étoile Cyrius, invisible à l’œil nu. L’Afrique dite orale, a inventé neuf sortes d’écriture. Elle invite à aller puiser dans les valeurs ancestrales pour apporter des solutions et réussir ce que d’autres ont échoué.
A en croire l’écrivain Guillabert, la société fixe des règles au départ pour le bonheur, mais des dérives peuvent s’en suivre. Ceux qui restent fidèles aux valeurs du terroir sont broyés et ceux qui se sentent broyés appellent au changement. C’est en ce sens que les femmes doivent réagir en passant de l’acceptation à l’action. «Apprendre à prendre le pouvoir, car l’homme a échoué», soutient-elle. Hulo Guillabert fait constater que la société qui opprime les femmes n’ira nulle part. C’est par elles que passent le développement et l’émergence.
WALF