La chute des derniers mois tend à se traduire par une diminution rapide de la production des Etats-Unis et d’autres producteurs extérieurs à l’Opep, tandis que la reprise de l’offre iranienne reste modeste.
Si rien ne semble pouvoir bouleverser à court terme les sur-capacités sur le marché de l’or noir, la chute des prix a peut-être, elle, atteint un point bas. La production des pays hors Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va ainsi baisser cette année un peu plus que prévu mais le surplus d’offre subsistera, en dépit du retour de l’Iran sur les marchés, souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui réitère sa prévision d’un rééquilibrage du marché en 2017.
Dans son rapport mensuel publié vendredi, l’Agence qui coordonne les politiques énergétiques des pays de l’OCDE estime que la production des pays hors Opep devrait baisser de 750.000 barils par jour (bj) cette année contre une estimation précédente de 600.000 bj; ceci aux Etats-Unis notamment où l’Agence anticipe une baisse de 530.000 bj. « Des signes clairs montrent que les forces du marché (…) exercent leurs pouvoirs magiques et que les producteurs dont les coûts sont les plus élevés réduisent leur production« , lit-on.
La production pétrolière mondiale a, elle, baissé de 180.000 bj en février pour atteindre 96,5 millions de barils, une baisse partagée entre les pays de l’Opep (-90.000 bj en raison de perturbations au Nigeria, en Irak et aux Emirats arabes unis) et hors Opep.
Le retour de Téhéran ne changera pas la donne
« Dans le même temps, le retour de l’Iran sur le marché a été moins marqué que les Iraniens ne l’avaient annoncé; en février, nous estimons que la production a augmenté de 220.000 bpj et, pour l’instant, il semble que le retour de l’Iran sera progressif », dit-elle. Dans ce contexte, les exportations iraniennes, elles, ont augmenté de 300.000 bj depuis le début de l’année, estime le bras énergétique de l’OCDE, un chiffre « plus modeste que la hausse de 400.000 bj annoncés par Téhéran« , début mars. « Le retour de l’Iran sur le marché a été moins important que ce que les Iraniens avaient annoncé. En février, nous estimons que la production a augmenté de 220.000 bj et, provisoirement, il apparaît que le retour de l’Iran sera progressif« , a-t-elle ajouté.
Pour l’Iran, février a été le premier mois complet de l’ère post-sanctions internationales. Fin janvier, Téhéran avait annoncé vouloir augmenter immédiatement sa production de 500.000 bj. Et début mars, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, avait indiqué que les exportations de son pays avait augmenté de 400.000 bj pendant le mois iranien de Bahman (21 janvier-19 février), pour atteindre 1,75 mbj.
Baisse des stocks
Toutefois, ce retour progressif ne changera pas foncièrement la donne sur les marchés, du moins au premier semestre. Le surplus d’offre devrait en effet atteindre 1,9 million de barils jour (mbj) au premier trimestre et 1,5 million de bj au deuxième. Il faudra attendre la seconde moitié de l’année pour que l’écart entre l’offre et la demande se réduise fortement, jusqu’à 0,2 mbj.
Conséquence de ces différents facteurs, les stocks de pétrole de l’OCDE ont baissé pour la première fois en un an, même si le volume de brut stocké en mer a augmenté. Les stocks de brut et de produits pétroliers devraient néanmoins augmenter de 1,5 à 1,9 million bpj au premier semestre de cette année, mais cette hausse tomberait à 200.000 bpj au second semestre contre 300.000 prévus dans son rapport précédent.
Prix : « un point bas »
La remontée des prix du brut observée ces dernières semaines, et portée par les espoirs d’un accord international sur la production pour rééquilibrer le marché, « ne doit pas être considérée comme un signe définitif que le pire et forcément passé », même si des éléments montrent que les prix pourraient avoir atteint « un point bas ». « Pour les cours, il pourrait y avoir de la lumière au bout de ce qui aura été un long et sombre tunnel, mais on ne peut pas dire avec certitude quand en 2017 le marché pétrolier atteindra l’équilibre tant attendu. Il est clair que l’orientation actuelle est la bonne, mais il y a beaucoup de chemin à faire », conclut l’AIE.
Tombé en janvier à son plus bas niveau depuis 12 ans à un peu plus de 27 dollars le baril, le cours du Brent de mer du Nord a rebondi depuis et se traitait vendredi à plus de 40 dollars.
Les Echos