Sa réputation d’homme libre l’a précédé à Dakar. Le directeur artistique de la 12ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art), prévue du 03 mai au 03 juin prochain, Simon Njami n’a pas dérogé à celle-ci une fois sur place. Celui qui refuse les étiquettes, notamment d’Africain, s’est dévoilé le 27 janvier dernier en présentant la liste des 65 artistes sélectionnés pour la prochaine biennale de Dakar.
Le directeur artistique de la Biennale est avant tout juriste, écrivain, commissaire d’exposition de renommé internationale et journaliste même s’il réfute ce dernier métier, car écrivant dans des revues, pas dans des journaux. «Simon a accepté parce qu’il aime le Sénégal ; c’est un Africain et pour lui, il fallait intervenir pour placer cet évènement à l’endroit qu’il faut», justifie le secrétaire général de Dak’art, Mahamadou Rassouloulaye Seydi. Simon Njami est alors l’homme providence. «Il a la lourde charge de booster la biennale», lance son Sg qui estime que «la balle est dans son camp». Le directeur artistique est dans son rôle. Car d’emblée, il se présente comme «un sauveur» de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar qui «est en train de mourir gentiment». Son travail est dans l’ordre «d’une mission impossible, mais réalisable», comme dans les reprises du film Mission impossible (un film américain de Brian De Palma, sorti en 1996. C’est le premier opus de la série de films inspirée par la série télévisée Mission impossible créée par Bruce Geller et diffusée dans les années 1960-1970 : Ndlr) où à la fin l’on réussit toujours. Pour «sa» biennale, il tire déjà son bilan avant le début de l’évènement, car pour lui «le Dak’art de 2016 va être un énorme succès qui va changer les choses ». Attendons de voir !
Njami parle sans détours. Dit les choses sans ombrage, même si la manière est parfois à discuter. Il justifie ses choix artistiques et ironise sans retenu sur ceux imposés, notamment par Macky Sall sur le choix du Quatar comme invité d’honneur à côté du Nigéria. Vérités crues, il n’hésite pas à prendre la parole après des révélations de Seydi sur la subvention de plus de 600 millions que l’Etat a apporté cette année pour dire : «Je fais une précision, car nous sommes tous ensemble et solidaires et la transparence est d’or. Les 600 millions qui viennent d’être évoqués dont trois cent pour préparer la biennale et trois cent pour la mise en œuvre, les 300 millions Cfa pour la préparation ont servi à éponger la biennale précédente. Ce qui veut dire que nous sommes à la moitié du budget alloué à la biennale». Pour lui, ce sont des choses à savoir parce qu’elles ont des incidences sur le travail quotidien. Un quotidien de la Biennale de Dakar que Njami veut professionnaliser à travers ses équipes et ses structures. Le Dak’art n’était-il pas professionnel jusque-là ? Après 24 ans d’existence, la question mérite d’être posée.
Ayant l’impression d’une chose que les Sénégalais et même leur gouvernement ne sachent pas, il informe qu’«une biennale n’arrive pas tous les deux ans, elle se travaille tous les deux ans». Celle de 2018, conseille Simon Njami, doit débuter en juin 2017 et pas en février 2018. Sa mission est aussi de réenchanter la biennale. «Et qui aime bien châtie bien».
Fatou K. SENE