Le tourisme sénégalais n’est pas encore sorti de l’auberge. Empêtré dans des difficultés depuis plus d’une décennie, cette autre mamelle de l’économie nationale peine encore à sortir de l’ornière. Ce, en dépit des nombreuses perfusions. En effet, de nombreuses mesures ont été prises par le gouvernement pour relancer la destination Sénégal. Du lancement de la saison touristique 2013 par le chef de l’Etat, en passant par la reculade sur l’instauration du visa payant, la baisse de la Tva de 18 à 10 % dans le secteur, allocation de 4 milliards pour la promotion, la réduction de moitié des taxes aéroportuaires et redevances, l’exonération de taxes pour les opérateurs qui vont investir en Casamance ou encore l’octroi d’un crédit hôtelier de 5 milliards de francs Cfa pour retaper les infrastructures hôtelières, c’est beaucoup de milliards auxquels l’Etat a renoncé sans voir jusqu’ici les effets sur ce secteur transversal. L’artisanat continue de souffrir de la crise et les pertes d’emplois se multiplient à cause de la fermeture d’hôtels et des faibles taux de remplissage. Pis, les arrivées enregistrées à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor sont évaluées à 863 555 en 2015 alors que le gouvernement table sur 1,5 million de touristes en 2016, deux millions en 2018 et trois millions en 2023. Des projections qui ont été faites depuis belle lurette mais qui n’ont jamais été atteintes.
Ainsi, l’action de l’Etat est encore très loin de redonner le sourire aux professionnels du secteur qui voient les touristes se tourner vers des pays limitrophes comme la Gambie ou le Cap-Vert. Ce qu’avait d’ailleurs relevé, l’année dernière, un classement de l’agence espagnole Bloom Consulting, en partenariat avec The Economist, Cnn etForbes. Leur rapport soulignait allégrement que la destination Sénégal était rayée de la carte touristique du continent. Le pays ne figurait plus dans le top 25 des 37 pays africains les plus visités par les touristes et était devancé par… la Guinée Bissau, pays instable mais plus présent dans les grandes manifestations internationales. Une absence qui est fortement décriée par des acteurs touristiques qui reprochent à l’Agence sénégalaise de promotion touristique d’agir en solo. Conséquence : le Sénégal est cruellement absent des marchés émetteurs. «Il faudra tout faire pour valider les programmes de promotion touristique avec les acteurs. Il ne faut pas jeter les maigres ressources destinées à la promotion n’importe où en permettant à des fonctionnaires de faire du tourisme en Europe. Il faut qu’on voit ensemble les vrais actions à mener», a confié un professionnel, hier, en marge de la rencontre organisée par le ministère sur le crédit hôtelier et touristique et le projet micro-tourisme.
Seyni DIOP