«En l’an 2000, l’élection d’Abdoulaye Wade comme président du Sénégal fut une avancée majeure de la démocratie en Afrique. Le président Wade adopta, en effet, une nouvelle Constitution et, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, institua la limitation des mandats présidentiels.
Vaincu aux élections démocratiques de 2012 par son ancien Premier ministre Macky Sall, le président Wade reçut les chaleureuses félicitations du président des Etats-Unis et de l’ensemble de la communauté internationale pour avoir immédiatement reconnu sa défaite et procédé à une transition pacifique du pouvoir.
«Le président Macky Sall a alors affirmé son attachement à la démocratie et son engagement à réduire la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. En juin 2013, le président Obama, en visite au Sénégal, a salué l’engagement du président Sall à réduire la durée du mandat présidentiel et à promouvoir l’Etat de Droit au Sénégal.
«Un net recul dans ce pays jadis considéré comme le fleuron de la démocratie en Afrique»
«Malheureusement, bien des changements ont eu lieu au cours de ces dernières années, affichant un net recul dans ce pays jadis considéré comme le fleuron de la démocratie en Afrique. Lorsque le parti opposant, le Parti démocratique sénégalais, a désigné Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade comme son candidat aux prochaines élections présidentielles, le président Macky Sall a tout simplement arrêté Karim Wade et l’a jeté en prison. Il a ensuite ressuscité, par décret présidentiel, une juridiction spéciale depuis bien longtemps abrogée et n’ayant instruit le moindre cas depuis 30 ans. Cette juridiction spéciale nouvellement établie a condamné M. Karim Wade à 6 ans de prison, et à ce jour, ce dernier se trouve en détention, privé de tout droit de recours.
«En avril 2015, le Groupe de travail des Nations-Unis sur la détention arbitraire a considéré que l’arrestation de Karim Wade est arbitraire. Et que sa détention est en violation du droit international. Le mois dernier, le Groupe de travail des Nations-Unis a réitéré sa requête et appelé le régime du président Sall à libérer Karim Wade et à respecter le droit international.
«Libérer Karim et respecter le droit international»
«La semaine dernière, ce dérapage s’est accentué lorsque le président Sall a renié l’engagement qu’il a fait de réduire la durée de son mandat. A la place d’élections devant avoir lieu l’année prochaine en fonction de l’engagement pris de porter le mandat en cours à cinq ans, le président Sall s’est prononcé pour rester en poste jusqu’en 2019 en basant sa décision sur, dit-il, l’avis – qui n’est rien d’autre qu’un avis – du Conseil Constitutionnel, qu’il a lui-même sollicité.
«Face au réel progrès de la démocratie affiché en Guinée et au Nigéria, il est bien inquiétant d’assister à ce qui semble être une régression des alliés des Etats-Unis et des démocraties les plus fortes d’Afrique. C’est que les conséquences du recul de la démocratie au Sénégal peuvent être désastreuses pour la région toute entière. Il est impératif que les Etats-Unis mettent un frein à une telle dérive avant qu’elle ne se propage et ne devienne incontrôlable. Il faut que les Etats-Unis exigent que le président Sall honore la demande du Groupe de Travail des Nations-Unis et libère Karim Wade, son adversaire politique, et qu’il respecte son engagement de limiter son mandat présidentiel à 5 ans.
Walf