Les données chiffrées de la Police nationale, en 2015, révèle une augmentation de la délinquance. Celle-ci reste dominée par des cas de vols, viols, agressions, cambriolages, trafic de drogue et cybercriminalité. Classées «zones criminogènes» par excellence, Dakar, Mbacké, Kolda et Saint-Louis sont les localités dont les populations sont à la merci des délinquants. Synthèse du rapport d’activités.
Les statistiques criminelles sont à la hausse. L’évolution générale des affaires constatée par la Police affiche une augmentation par rapport à l’année passée. Ce qui confirme que le taux de la délinquance est en progression permanente, sur l’étendue du territoire. Durant l’année 2015, de janvier à décembre, 36 357 individus ont été interpellés, parmi lesquels 449 étrangers, pour diverses infractions. Ce qui représente une augmentation car en 2014, 36 017 ont été appréhendés par les flics. Dans ce lot, 8 998 ont été déférés au Parquet. Les secteurs les plus concernés sont Dakar, Mbacké, Kolda et Saint-Louis. Certains ont été arrêtés pour des cas d’agressions (vol avec à main armée et avec violence). C’est ainsi que 195 agresseurs ont été mis à la disposition de la Justice. Le cambriolage se distingue par 40 cas recensés en 2015, contre deux cas de vol de véhicules. «Les cambriolages ont augmenté de 57,7 % par rapport à l’année 2014», note le rapport annuel de la Police nationale. Cette augmentation de la criminalité trouve explication, selon les autorités policières, dans la «démographie galopante dans de nombreuses villes qui ont connu une certaine extension, avec la naissance de nouveaux quartiers».
Agression, cambriolage, viol, trafic de drogue…
La lutte contre le trafic de drogue a été au cœur du combat contre la criminalité dite transnationale. En 2015, 163 personnes ont été arrêtées par l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis). Et le total des saisies de stupéfiants est chiffré à un tonne 280,562 kilos de chanvre indien contre 933,6 grammes de cocaïne, 453 grammes de cannabis, 119 képas d’héroïne, 15 comprimés et près d’une tonne de feuilles de Khat séchées, une drogue en provenance de l’Afrique de l’Ouest.
Durant la même année, la Division des investigations criminelles (Dic) a déféré au Parquet onze personnes pour «trafic, usage et détention de drogue». S’y ajoute les saisies effectuées par les commissariats et postes de police, des services de la Direction de la sécurité publique (Dsp). C’est ainsi qu’en 2015, la Dsp a interpellé 848 personnes pour différentes prises portant sur plusieurs variétés de drogue. Les crimes de sang occupent une bonne place dans le rapport, avec 34 cas de meurtre enregistrés par les flics.
46 mineures violées en 2015
En ce qui concerne les atteintes aux mœurs, 46 personnes ont été interpellées pour «viol sur mineure de moins de 13 ans», contre 35 en 2014. «Le département de Rufisque et plus précisément la zone de Jaxaay ainsi que la commune de Mbour ont connu les plus nombreux cas», indiquent les statistiques du corps paramilitaire en question. La tendance à la baisse au niveau de la délinquance se retrouve essentiellement dans les cas de vol pour lesquels 5 798 déclarations ont été enregistrées durant la période considérée et 32 271 demandes d’intervention. Ces chiffres traduisent également une augmentation de ces types d’infractions car en 2014, 6 183 cas de vols ont été signalés à la Police.
Deux autres phénomènes ont marqué la délinquance en 2015 : la cybercriminalité et la fraude. De nombreux réseaux de criminels ont été démantelés par les services spécialisés d’investigation que sont la Dic, la Sûreté urbaine, le Commissariat central de Dakar ainsi que la Direction de la Police judiciaire (Dpj). Les animateurs de ces bandes sont spécialisés dans les «vols aggravés», «escroquerie», «abus de confiance», «fraudes», «pirateries», «contrefaçon» ainsi que les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication. C’est dans ce registre qu’il faut inscrire la cybercriminalité, avec cinq personnes interpellées pour «escroquerie via internet» par la Brigade spéciale de lutte contre la cybercriminalité.
200 armes blanches saisies
La circulation clandestine des armes blanches et à feu continue d’imprégner le paysage sécuritaire. Durant la période considérée, six armes à feu et 200 armes blanches ont été saisies par les policiers. Les armes blanches comprennent 176 couteaux, 23 coupe-coupe et une paire de ciseaux. «Il y a lieu de noter que pour les agressions et autres vols avec violences, les Parcelles assainies et surtout Grand-Yoff sont les secteurs les plus criminogènes», mentionne le document produit par les limiers.
6 333 accidents répertoriés, 8 734 véhicules en fourrière
De janvier à décembre 2015, 6 333 accidents de la circulation ont été répertoriés par la Police, contre 5 76 en 2014. La capitale remporte ainsi la palme en ce qui concerne les morts d’homme par voie routière. «Il convient de signaler que Dakar enregistre le plus grand nombre d’accidents et particulièrement sur l’autoroute Seydina Limamoulaye, à hauteur du pont de Colobane, la passerelle des Hlm et la route de l’aéroport au niveau de la passerelle Nabil Choucair», rapporte la même source. Toujours dans le cadre de la lutte contre l’insécurité routière, 8 734 véhicules ont été mis en fourrière avec des saisies de 115 890 pièces afférentes à la conduite. C’est dans ce cadre que s’inscrit la lutte contre les «véhicules teintés non régulières» ou de ceux sans plaque d’immatriculation. Et aussi contre la conduite de deux roues sans le port du casque de sécurité.
Par ailleurs, le rapport d’activités 2015 de la Police nationale est resté muet sur infractions ayant trait à la prostitution, à l’ivresse publique ainsi qu’à certains crimes de sang. Côté perspectives, l’année 2016 sera marquée par l’installation de nouveaux commissariats et postes de Police dans certaines localités ciblées qui en sont dépourvues. Il en est de même pour les centres de secours et casernes de sapeurs-pompiers car seuls 31 départements sur les 45 sont servis.