Par le biais de ses avocats, Karim Wade vient de mettre en œuvre l’ultime acte pour sa libération. Le Tribunal de grande instance de Paris est saisi d’une plainte, pour «détention arbitraire», contre l’Etat du Sénégal.
C’est de manière implicite que Karim Wade reproche au président de la République, Macky Sall, qui incarne le «pouvoir politique sénégalais», d’être à l’origine de ce que ses avocats appellent sa «détention arbitraire».Tout le sens, d’ailleurs, de la plainte déposée, hier, auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Les résultats attendus sont les suivants : «faire respecter ses droits dont il est privé par le pouvoir politique sénégalais qui bafoue l’indépendance de la Justice et la séparation des pouvoirs dans le seul dessein de l’empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle».
Cette attitude constitue, sans doute, l’ultime étape de la lutte pour la libération de Karim. «Ne pouvant plus faire valoir ses droits devant la justice de son pays, il est aujourd’hui contraint, sans autre choix, de saisir la justice internationale pour poursuivre les personnes responsables de sa détention arbitraire», mentionne le communiqué des avocats de la défense parvenu à la rédaction de Walf Quotidien. Les conseils de Karim estiment que leur client réclame que justice lui soit rendue. Et que son procès soit déclaré nul pour «violation des principes du Droit pénal proclamés par la Constitution». Tout comme par les engagements internationaux qui s’imposent au Sénégal, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Outre le fait de vouloir désigner le chef de l’Etat sénégalais comme responsable de la «détention arbitraire», une autre raison explique le bienfondé de cette nouvelle démarche : permettre à l’intéressé de recouvrer la liberté qu’il a perdue depuis près de trois ans maintenant. C’est ainsi que le Collectif des avocats de l’ancien ministre d’Etat renouvelle son exigence d’une «libération immédiate, sans condition et sans artifice». Une exigence élargie à tous les détenus politiques et d’opinion incarcérés sous le règne de l’actuel régime. En outre, le refus de l’Etat du Sénégal de donner suite à l’avis du Groupe de travail des Nations-Unies, lequel traduit une «situation scandaleuse», abîme, selon les avocats de la défense, l’image du Sénégal. Un pays toujours considéré, auparavant, comme un modèle en Afrique pour le respect de l’Etat de droit et des libertés fondamentales. De plus, les robes noires regrettent, en substance, le fait que ce même Etat ne daigne pas donner la suite attendue aux décisions qui sont défavorables, lorsque celles-ci émanent d’instances internationales dont il est lui-même membre.
Ce qui se passe dans l’affaire Wade est le fruit, selon ses avocats, de «manipulations de la Justice sénégalaise pour des motifs de basse politique». Lesquelles se traduisent, à les en croire, par le fait que Karim soit «victime d’une machination et condamné en violation de ses droits fondamentaux, notamment son droit à la liberté et son droit de faire appel de sa condamnation injustifiée par une juridiction d’exception spécialement exhumée à cette fin : la Crei».