Les récentes excuses de Jeune Afrique n’ont été que de la farce puisque le magazine revient à la charge. La preuve par un article publié hier et signé par le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire parisien.
Après les excuses présentées par Jeune Afrique suite à l’offense liée à une image caricaturale du fondateur du Mouridisme publiée sur son site, on croyait le débat clos. Mais il n’en a rien été puisque le magazine revient à la charge. Et de quelle manière. Dans une réaction publiée hier, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique a déploré l’appel à la censure faite par une partie de la communauté mouride qui s’en est suivi. «(…) Cheikh Ahmadou Bamba incarnait un Islam de paix, de dialogue et de modération. En appelant au calme et en acceptant nos regrets, les responsables de la confrérie des mourides, son khalife général en tête, se sont placés dans le sillage de ses enseignements. Il n’en va pas de même, hélas, de ceux qui se sont distingués par des appels à la censure contre J.A», a écrit François Soudan. Et le journaliste va même jusqu’à invoquer un Hadith du prophète pour étayer son argumentaire. Citant le prophète de l’Islam, il écrit : «‘Lorsque l’un de vous se met en colère, qu’il se taise !’, a dit le Prophète. Car ‘Allah est doux et il aime la douceur en toute affaire’». Voilà qui pousse le journaliste de Jeune Afrique à considérer qu’«il est des moments où le regard du lecteur est en totale contradiction avec les intentions de l’auteur. Dans ce cas, il faut savoir battre sa coulpe (…)».
L’auteur de ces écrits s’offusque, en même temps, de ce qu’il appelle les «réactions menaçantes» suscitées par l’erreur pourtant reconnue par les responsables de son canard. «Le caricaturiste Damien Glez a utilisé l’unique photo de Serigne Touba pour illustrer un article portant sur un sujet aussi sensible que l’homosexualité. Cette représentation a été vécue par de nombreux fidèles comme un choc et une agression. Devant le tsunami de protestations, le dessin de Glez a été supprimé de notre site au bout de quelques heures, sans que ce retrait – et les excuses qui l’accompagnaient – ne mettent un terme aux réactions parfois menaçantes qu’il a suscitées», réagit François Soudan.
En somme, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique qui semble souffler le chaud et le froid en même temps redéfinit les contours de la publication de l’image offensante. «Nous n’aurions pas dû publier ce dessin dont nous avons, à l’évidence, mésestimé l’impact négatif. J.A. a pour règle de n’insulter la foi et les convictions de personne. Pour nous – et nous l’avons répété lors du drame de Charlie Hebdo -, le droit au blasphème n’est ni un devoir, ni consubstantiel à la liberté d’expression. Le but de Glez et de notre site internet n’était d’ailleurs pas, on l’aura compris, de blesser, encore moins de porter atteinte à la figure vénérée du Cheikh», mentionne-t-il dans son article.
Pape NDIAYE