Les débats se multiplient autour du projet de réforme constitutionnelle envisagé par Macky Sall. Pour le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui tenait un meeting au niveau de la Commune de Ndiaréme Limamoulaye organisé par Daba Mbaye ex adjointe au maire de la Ville de Guédiawaye sous le magistère de Bocar Sadikh Kane, les jalons d’un dialogue politique sur le projet de réforme constitutionnelle ne peuvent pas être faits en l’absence de Karim Wade leur candidat pour la prochaine présidentielle et de Oumar Sarr leur coordonnateur par ailleurs maire libéral de la Commune de Dagana.
«Nous sommes pour un dialogue politique franc, conséquent pour l’intérêt du pays. Mais il faudrait que celui avec qui on va dialoguer soit sincère dans sa démarche. On ne peut pas accepter de dialoguer sur un projet de réforme alors que le principal parti de l’opposition avec ses responsables dont son candidat et son coordonnateur sont emprisonnés. Si l’on doit répondre à des concertations sur cette réforme, la délégation du Pds sera conduite par notre candidat Karim Wade et Oumar Sarr», affirme Babacar Gaye porte-parole du Pds. Et le député, présidente du Conseil départemental de Bambey de renchérir : «Toute personne qui ira dans cette consultation sans notre coordonnateur national Oumar Sarr actuellement dans les liens de la détention sera considéré donc comme un imposteur. Ce qui était plus élégant pour Macky Sall, c’est de terminer son mandat jusqu’en 2017 et laisser la personne qui va le remplacer entreprendre les réformes. Parce que Macky Sall ne sera pas le maître des réformes. Je lui demanderai par élégance de s’abstenir sur les 14 points et de ne se concentrer qu’à un seul, la réduction de son mandat et l’organisation d’élections démocratiques en 2017. On va lever l’intangibilité pour que Macky Sall laisse à son successeur le soin de faire les réformes. Le successeur ne sera pas obligé de suivre ses réformes et d’exécuter son programme».
Fustigeant la démarche du pouvoir, les libéraux dénoncent la gestion de Macky Sall qui, selon eux, se livre à une bataille sans merci pour la déstabilisation du Pds. «Macky Sall n’a qu’un seul agenda, c’est d’emprisonner les gars du Pds. Mais, il n’a pas de programme et ne sait pas où il va», dénonce le député Ndèye Gaye Cissé. Et Aïda Mbodj d’ajouter que «si Macky Sall voulait réformer, il pouvait le faire depuis longtemps dés la première année en 2012. Mais comme il ne l’a pas fait et que son mandat expire l’année prochaine, il n’a qu’à terminer son mandat et partir pour avoir échoué. Macky Sall a raté le train. Nous sommes condamnés à nous mettre ensemble parce qu’on nous harcèle, nous agresse et nous confisque nos droits. On emprisonne nos militants et on porte atteinte à notre dignité. On veut que le parti soit uni». Et Daba Mbaye d’ajouter que «Macky Sall n’a pas de programme. Aujourd’hui, tous les Sénégalais sont fatigués et les acteurs économiques ferment leurs magasins. Les gens ne mangent plus à leur faim».
Quant aux libéraux qui veulent revenir au Pds, Babacar Gaye précise que ses «frères» de parti doivent manifester leur déclaration d’intention tout en laissant à Ablaye Faye le soin de s’y prononcer ultérieurement.
Le Mouvement Tekki de l’économiste Mamadou Lamine Diallo en tournée politique à Pikine-Ouest dit ne pas être rassuré par la démarche du régime concernant le projet de réforme constitutionnelle appris par voie de presse. «Nous sommes en train d’étudier le document de réforme. Mais nous disons que c’est très éloigné de la charte de gouvernance démocratique des assises nationales que j’ai signée personnellement, que le président de la République a lui-même signé de même que le président de l’Assemblée nationale et certaines personnalités de la République», déplore Mamadou Lamine Diallo. De plus, ajoute-t-il, «le calendrier républicain devrait être connu. Mais jusqu’à ce jour, on n’a aucune date sur la tenue exacte des élections».
Le leader du Mouvement Tekki s’est aussi offusqué du fonctionnement de l’Assemblée nationale. «Les dérives qui existent à l’Assemblée nationale ne sont pas acceptables. La majorité devrait avoir le courage de rectifier le tir pour que toutes les sensibilités s’expriment».
Théodore SEMEDO