Après une nouvelle hausse de 10 % sur les pensions de retraite, entrée en vigueur depuis le 1er janvier dernier, l’Ipres appelle les différentes parties prenantes à des réformes systémiques pour des niveaux de pensions corrects. Le président du Conseil d’administration de l’institution, Mamadou Racine Sy, a appelé, hier, lors d’un dialogue direct entre les administrateurs de l’Ipres et les retraités du Sénégal, au passage du système par point au système par répartition.
Le Conseil d’administration de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres) s’efforce depuis de nombreuses années à augmenter de manière régulière le niveau de pension de ses retraités mais les allocataires ne sont presque jamais satisfaits à cause de la modicité des pensions qu’ils ne cessent de clamer. Mais, selon le président du Conseil d’administration de l’institution, Mamadou Racine Sy, qui s’exprimait, hier, lors d’un dialogue direct entre les administrateurs de l’Ipres et les retraités du Sénégal, a souligné qu’on arrivera jamais à un niveau de pensions corrects sans «des réformes systémiques du système de retraite au Sénégal», c’est-à-dire de passer du système par point vers le système de répartition. «Là où dans l’administration, le fonctionnaire cotise 30 %, dans le privé on atteint à peine 15 %. Donc, le niveau de pension ne peut pas être le même et c’est ce qui fait qu’au Sénégal la retraite est synonyme de pauvreté, de précarité, surtout que les retraités restent des chefs de famille qui ont en charge tous les besoins du foyer», dit M. Sy. Ce qui fait qu’au Sénégal, la retraite est considérée comme un saut dans l’inconnu. «Il s’agit dans le cadre des réformes, qu’on ne puisse pas toucher une pension alors qu’on a travaillé que durant un an. Il faut un minimum d’année de travail pour que le système reste pérenne. A l’Ipres, il suffit de travailler un an pour avoir une pension de retraite. Quelqu’un qui a travaillé durant un an comment pourrait-il prétendre une retraite acceptable. On ne peut récolter que ce qu’on a semé», a-t-il relevé.
Même si les retraités jugent la hausse de 10 % d’augmentation sur les pensions, opérée ce mois-ci insuffisante, Racine Sy estime que c’est un pas de géant qui vient d’être franchi. D’autant plus que, explique-t-il, cette augmentation intervient à un moment où la situation économique reste difficile. Il a souligné que cette hausse va renforcer la viabilité financière de l’institution. «On a prévu des rachats des petites pensions de rien du tout. Des pensions de 6 mille francs Cfa», a regretté le président du Conseil d’administration. Mieux, il estime que le système actuel est inacceptable dans un pays qui se respecte. Ainsi, il a jugé nécessaire pour le pays d’aller vers une pension minimale.
La mensualisation est irréversible
Mamadou Racine Sy a aussi informé les retraités que l’option du Conseil d’administration de l’Ipres sur mensualisation des pensions a un caractère irréversible. Mais, il assure que cela va se faire avec des mesures d’accompagnement. Car, renseigne-t-il, l’incompréhension née de sa mise en œuvre exige une concertation pour en cerner les contours, avant son effectivité qui ne peut être que profitable au retraité. «Aujourd’hui, tout le monde sait que le retraité touche par bimestre plus que ce qu’il touchait par trimestre. L’objectif, c’est de dire, en mensualisant les pensions, il va apparaître plus fortement que les pensions sont très faibles. Donc, il faut nécessairement les ajuster et les augmenter de sorte qu’avec le temps, on en arrive à ce que les retraités touchent en un mois ce qu’ils percevaient en deux mois», s’est-t-il défendu.
Les taxes sur les placements de l’Ipres jugées insupportables
Mamadou Racine Sy n’a pas également manqué de dénoncer les taxes perçues par les services de l’Etat sur les placements de l’institution. Selon lui, l’Ipres ne peut pas supporter les taxes à cause de sa vocation sociale. Car, ajoute-t-il, elle ne peut pas supporter ces taxes et en même temps vouloir augmenter les pensions des retraités. «On veut augmenter les pensions et on veut augmenter la couverture, le gouvernement doit nous y aider. Mais s’il envisage des taxes sur les placements que nous faisons, ce n’est pas une bonne chose», a indiqué M. Sy.
Les administrateurs de l’Ipres comptent instaurer à travers ce genre de rencontre avec les retraités, un dialogue constant, seul gage d’une amélioration continue de la qualité du service attendu de l’institution. Ce, en plus, de contribuer à la lutte contre la vulnérabilité et la précarité, composante essentielle de la politique d’extension de la protection sociale.