Dans son adresse à la nation de fin d’année, le Président Macky Sall avait annoncé l’imminence d’une croissance du Produit intérieur brut (Pib) estimée à 6.4%. Cette déclaration continue de semer le doute et la controverse. Les jeunes socialistes se démarquent et dénoncent une manipulation.
Bien que membre de la mouvance présidentielle, la Jeunesse pour la démocratie et le socialisme se démarque des chiffres «gonflés» par le gouvernement sur le taux de croissance du Produit intérieur brut (Pib) estimé à 6.4%. «La manipulation des chiffres ne garantit pas un second mandat. Le bulletin de santé de notre économie nationale est peu reluisant», estiment Babacar Diop et ses camarades dans une déclaration rendue publique. «Monsieur le Président, dans une telle situation, marquée par une détérioration récurrente des conditions de vie des populations, au point de faire figurer le Sénégal dans le cercle réduit des 25 pays les plus pauvres au monde, et un taux de chômage qui frôle les 20% chez les jeunes, les Sénégalais aimeraient comprendre par quelle magie et par quels mécanismes nous en sommes à une croissance de 6.4%», se demandent les jeunes socialistes. Qui trouvent qu’en dépit d’une communication gouvernementale «mensongère et manipulatrice, la situation est têtue, le Sénégal s’enfonce dans la pauvreté».
Dénonçant ces chiffres, les jeunes socialistes estiment que «le constat général durant ces trois dernières années est que la conjoncture économique a renforcé la vulnérabilité et accentué les disparités, tant sur le plan économique que social, entre villes et ruraux». Arguments à l’appui, ils ajoutent que «d’après la banque mondiale, l’insécurité alimentaire touche 30 % des ménages ruraux, chez lesquels la prévalence de la pauvreté atteint plus de 55 %. Les disparités géographiques restent cependant très prononcées : deux habitants sur trois vivent dans la pauvreté dans les zones rurales, et en particulier dans le sud du pays, contre un sur quatre à Dakar». «En outre, les résultats de la dernière enquête sur la pauvreté réalisée auprès des ménages font froid au dos. Elles montrent que plus de 47% des Sénégalais vivent dans la pauvreté. L’incidence de la pauvreté n’a baissé que de 1.8% durant ces trois dernières années, tandis que le nombre absolu de pauvres a augmenté, pour atteindre plus de 6 millions de personnes», a également expliqué la Jds.
En réaction toujours à chiffres, Babacar Diop et ses camarades de la Jds de faire savoir que «même si au premier trimestre 2015, le Sénégal a atteint son taux de croissance le plus élevé depuis 2008 (4.7%), avec notamment le secteur des services qui a enregistré une croissance de 5.6%, les autres secteurs tels que le secondaire et le primaire ont été en deçà des prévisions». Non sans expliquer que «le bâtiment, considéré comme le fer de lance du secteur secondaire, a certes enregistré une reprise avec une croissance de 4.9%, mais reste encore insuffisant pour soutenir l’ensemble du secteur. L’irrégularité des précipitations dans certaines zones a de nouveau entraîné des récoltes inférieures aux attentes, dont un fléchissement de 20 % de la production de céréales non irriguées, même si la production de riz a progressé de 28 %».