Le nombre de bébés mort-nés reste élevé à la surface du globe, et pourrait être nettement abaissé si les soins périnataux se généralisaient.
Chaque année dans le monde, près de 2,6 millions bébés mort-nés sont recensés. Un bébé est dit mort-né s’il décède au cours du troisième semestre de la grossesse. Mais ce chiffre, dramatiquement stable depuis 2011, pourrait être abaissé si les grossesses étaient mieux suivies, selon une série de cinq études publiées par la revue The Lancet regroupant 216 scientifiques de 43 pays différents. Ces mortinatalités se produisent dans 75% des cas dans les pays d’Afrique subsaharienne et en Asie du sud-est. La moitié des décès ont lieu pendant le travail et à l’accouchement, et sont principalement causés par des infections maternelles dont la syphilis ou le paludisme et par des complications obstétricales.
“La plupart de ces issues seraient évitables par des améliorations simples du système de santé, notamment au niveau des soins pré et périnataux” souligne le rapport du Lancet. Au sein même des pays touchés, les populations les plus pauvres et les plus marginalisées, parfois victimes de discrimination ou de racisme, comptabilisent le plus grand nombre de bébés mort-nés. Pour améliorer la situation d’ici 2030, les conclusions de cette série d’études proposent plusieurs mesures : ouvrir l’accès à la contraception à 120 millions de femmes et de jeunes filles de plus qu’aujourd’hui, inscrire les soins gynécologiques et obstétricaux dans les programmes et stratégies de santé nationaux, ou encore généraliser les soins pré et périnataux efficaces et respectueux à toutes les femmes dans tous les pays.
Traumatisme et stigmatisation
Autre point sur lequel les scientifiques insistent : le besoin de réduire la stigmatisation associée à la mortalité infantile. En effet, les femmes perdant leur bébé à la naissance subissent de vifs reproches de la part de leur famille ou de leur communauté. “De nombreuses femmes dont le bébé est mort-né se sentent particulièrement stigmatisées, isolées socialement, dévaluées par la société et, dans certains cas, sont l’objet d’abus et de violence” déplore The Lancet. Une stigmatisation et un tabou qui renforcent le traumatisme psychologique que vivent ces femmes, blâmées pour leur prétendue responsabilité dans le drame qu’elles ont vécu. “Ces idées reçues blessantes doivent être combattues par une prise de conscience et une éducation menée par des organisations de professionnels dans les différentes communautés. Les associations de parents en lien avec les professionnels de santé peuvent fournir une formation efficace pour répondre à la stigmatisation et au fatalisme qui entoure cette mortinatalité” conclue le rapport du Lancet.