Le rapport de l’Agence mondiale antidopage (Ama) publié, hier, contient deux bombes explosives : l’implication indiscutable de Lamine Diack et de ses deux fils dans l’affaire du dopage dans l’athlétisme ainsi que l’attribution des Jo 2020. Mais il y a des non-dits dans le document.
Dans son rapport publié hier, l’Agence mondiale antidopage (Ama) a révélé les pratiques scandaleuses ayant longtemps encadré la gestion de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf). Cela étant l’œuvre de Lamine Diack, de ses deux fils (Papa Massata et Ibrahima Khalil) et de certains de ses ex-collaborateurs. Pour chacun en ce qui le concerne, l’Ama a précisé le rôle clé joué dans le scandale. Lequel a sali la réputation de la Fédération internationale d’athlétisme dont «la corruption était partie intégrante de l’instance, qui ne pouvait pas ignorer l’ampleur du dopage». Mais il y a plus grave encore puisque le rapport en question parle même d’une association de malfaiteurs, en ce sens que «Lamine Diack était responsable de l’organisation d’une conspiration et d’une corruption».
Egalement, on lui reproche d’avoir créé autour de lui un cercle proche qui a fonctionné comme «une structure de gouvernance illégitime et ce en dehors des structures de gouvernance de l’Iaaf». Sur la base des aveux circonstanciés faits par Lamine Diack lors de ses auditions devant l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, le rapport indique que l’intéressé «était personnellement au courant de la fraude et de l’extorsion d’argent effectuées auprès de certains athlètes russes pour dissimuler des cas de dopage».
Massata et Khalil dans la mélasse
En outre, le rapport fait état d’un autre scandale dans l’attribution des Jeux olympiques 2020, pour laquelle Lamine Diack est soupçonné d’avoir monnayé sa voix. Selon le rapport, il a usé de son influence, en tant que membre du Comité international olympique (Cio), pour apporter à l’Iaaf de juteux contrats de sponsoring. Ce marché a été mentionné dans une discussion entre l’un de ses fils, Ibrahima Diack, et la famille de l’athlète turque, Asli Alptekin. Selon ses dires, Istanbul, candidate à l’organisation des JO 2020, a perdu la voix de Lamine Diack au Cio, faute d’avoir apporté de juteux contrats de sponsoring à l’Iaaf…
Deux fils de Lamine Diack, Papa Massata et Ibrahima Khalil, son conseiller juridique (Habib Cissé) et le chef de son unité anti-dopage sont indexés. «Lorsque le président de l’Iaaf, son conseiller personnel, deux de ses fils en position de responsabilité tous deux employés par le passé par l’Iaaf, le directeur du département médical et antidopage et le secrétaire général adjoint sont tous impliqués dans des agissements douteux ou criminels, c’est la réputation de l’Iaaf tout entière qui est mise en doute. Et cette réputation doit être restaurée», lit-on dans le document de l’Agence mondiale antidopage.
Seulement, le rapport de l’Ama laisse subsister des zones d’ombres quant aux Sénégalais bénéficiaires des fonds russes.