Tenir Walf hier a été comme un voyage entre passé et présent. Dans les traits d’un nouveau né on cherche toujours le père. On se demande si la descendance a quelque chose de son ascendant. Quand on trouve des conformités qui rassurent sur les continuités, on cherche alors les identités propres au bébé.
On ne peut parler d’une rupture radicale à lire Walf Quotidien. L’identité change, le caractère reste. Les titrailles des articles et les têtes de rubrique vous donnent l’impression de naviguer dans un autre univers, mais très vite vous retombez sur l’helvetica qui ramène les habitudes. Le changement aurait pu être brutal, il se fait doucement. C’est dans les habitudes de la maison. Il n’est peut-être pas fini, car accoucher d’un nouveau journal est un processus dans lequel on se cherche jusqu’à la maitrise du détail.
Walf Quotidien trahit un passé, mais il faut oser se réinventer. Cela aurait pu être Walf simplement. Mais on y aurait vu autant la télé que la radio. Et ce titre qui barre aujourd’hui la une matérialise une appellation que lui donnent certains lecteurs. Il faut juste le laisser respirer.
Walf a toujours été un défi. Il est heureux que ce qui fut un combat hier devienne aujourd’hui une évidence. Se réveiller avec ce journal est une histoire qui s’écrit depuis trente-deux ans. Sans jamais s’arrêter. Elle fut belle, difficile, exaltante. Les anecdotes pourraient faire un livre. Mais ce qui importe aujourd’hui c’est qu’une nouvelle génération le tire vers le futur.
Dans la rédaction actuelle, certains n’étaient peut-être pas encore nés quand tombaient les premières lignes du journal, en 1984. Personne, dans l’équipe de l’époque, ne pensait que cela irait aussi loin, aussi longtemps. Sinon, peut-être, Sidy lui seul.
Walf a la particularité d’avoir vécu, en trois décennies, une dizaine de siècles d’histoire. Il est le seul journal de la place à s’en prévaloir. A la Grande Imprimerie africaine, il a commencé à se faire à la «composition ligne-bloc», avec un typographe. On passait une semaine dans l’ambiance du plomb. L’évolution l’a menée à la «composition par frappe directe justifiée», suivie d’un montage sur table lumineuse. Ah, les moustiques ! L’informatique l’a ensuite installée à l’ère de la mise en page assistée sur ordinateur. Chaque étape a signifié une évolution dans la production du journal.
La maquette actuelle touche à un graphisme qui date du début des années 2000, quand le journal passait en couleur. Quinze ans plus tard arrive ce changement. C’est un premier pas pour inventer du nouveau.