C’est une lapalissade que de dire que les universités sénégalaises, particulièrement Cheikh Anta Diop de Dakar, nage depuis des années dans des eaux troubles. Malgré le relookage des façades de ses bâtiments et la mise en place du Contrat de performance (Cdp), l’Ucad bouillonne toujours de difficultés. Premièrement, un doctorant qui a requis l’anonymat indexe le Cdp qui, dit-il, «manque de transparence».
Lancé en 2012, le Cdp d’une valeur de 9 milliards francs Cfa avec le concours de la Banque mondiale, couvre la période 2012-2016 et engage l’université dans une perspective d’excellence. Mais, il paraît faire fausse route dans la mesure où le doctorant interrogé par Wal Quotidien soulève une difficile traçabilité des fonds. «Certaines dépenses signées par les doyens de faculté laissent à désirer face aux charges des structures qui reçoivent une subvention comprise entre 200 millions et 500 millions francs Cfa», explique le doctorant.
Des détournements ? Notre interlocuteur ne le nie pas, évoquant même le cas de la Faculté de médecine dont le doyen Abdourahmane Dia a été reconnu coupable de «malversations financières» avant d’être limogé. Si dans le classement africain 2011 des établissements d’enseignement supérieur, l’Ucad figure à la 30e place, la justification peut venir du manque de publication des enseignants. D’ailleurs, dans son classement des meilleures universités africaines, «Times Higher éducation» insiste essentiellement sur la quantité de citations des travaux d’universitaires dans les publications de chercheurs d’autres académies. Mais il se trouve que, selon l’interlocuteur de Walf Quotidien, «les enseignants de l’Ucad ne publient pas.
C’est pour cela aussi qu’ils n’avancent presque pas au Cames à côté de thèses simplistes qu’ils encadrent. Pourtant, ils maitrisent tous les canaux, mais ne les enseignent pas aux étudiants». Résultat : «l’Ucad recule», tranche-t-il. Un autre mal dont souffre l’Ucad : l’enseignement est dispensé en grand nombre par des vacataires. «L’Etat ne recrute presque pas dans l’enseignement supérieur. Il se contente des vacataires ou de contractuels avoisinant les 70 % des enseignants», analyse le doctorant.
S’y ajoute, selon lui, «que les travaux dirigés à l’université sont faits par des professeurs du moyen secondaire alors que ce sont les doctorants qu’on doit prioriser».
Un passage du «Plan stratégique 2011-2016» de l’Ucad relève que «l’absentéisme chez le corps enseignant est une réalité». Ce phénomène, précise le Plan «a pris de l’ampleur ces dernières années avec l’implication de nombreux enseignants dans le fonctionnement administratif et pédagogique des établissements privés d’enseignement supérieur». Avant de conclure qu’une attention doit être portée sur ce phénomène qui fait partie des causes de la faible efficacité de l’Ucad.
Il faut, par ailleurs, signaler que la rédaction de Walf Quotidien a contacté les services de communication du rectorat de l’Ucad et du ministère de l’Enseignement supérieur. Quand l’administration du rectorat a pris connaissance du questionnaire envoyé à cet effet, elle a indiqué qu’il faudrait plutôt s’adresser au ministère. A chaque relance, ce dernier a toujours promis de réagir après avoir, lui aussi, pris connaissance du questionnaire. En vain.