La mélioïdose est une maladie bactérienne infectieuse qui provoque infection respiratoire et septicémie. Selon une récente étude, elle tuerait plus de personnes que la dengue et autant que la rougeole.
Elle tue 89 000 personnes par an dans le monde et serait plus répandue qu’on ne le pensait. La mélioïdose est une maladie infectieuse causée par la bactérie Burkholderia pseudomallei (ou bacille de Whitmore) qui se caractérise par des infections respiratoires graves et une septicémie pouvant être létale.
Si la maladie est connue pour être endémique en Asie du sud-est et au nord de l’Australie, les cas de mélioïdose seraient de plus en plus fréquents en Europe et en Amérique du Nord, selon une étude publiée dans la revue Nature Microbiologie. A l’origine de ces travaux : des chercheurs spécialisés en médecine tropicale des universités de Bangkok (Thaïlande), de Cambridge et d’Oxford (Royaume-Uni) qui ont recensé et cartographié tous les cas (animaux et humains) d’infections au bacille responsable de la mélioïdose. Selon eux, il y aurait 165 000 cas humains par an à la surface du globe, dont 89 000 décès. “Notre estimation suggère que les cas de mélioïdose sont largement sous évalués dans les 45 pays où elle est endémique, et probablement aussi endémique dans 34 autres pays qui n’ont jamais déclaré de cas” suggèrent les auteurs de l’étude. Les résultats de cette étude classent la mélioïdose à un rang comparable à la rougeole et supérieur à la dengue en termes de mortalité.
Une distribution géographique qui risque de s’étendre
La mélioïdose se transmet de l’animal (chevaux, moutons, porcs…) à l’homme, et le transport d’animaux contaminés dans des régions exemptes de la maladie peut suffire à l’y importer. Les scientifiques craignent ainsi que le poids de cette maladie infectieuse ne s’alourdisse, étant donnée la multiplication des mouvements de populations humaines et animales. “Cette distribution géographique élargie et potentiellement grandissante, en particulier lorsque les patients atteints de mélioïdose ne sont pas diagnostiqués ou sont soignés avec des antibiotiques inefficaces, soulignent l’urgence pour les autorités sanitaires et politiques d’élever la priorité de cette infection” remarquent les auteurs de l’étude.
Un diagnostic difficile et des traitements parfois inefficaces
Le bacille de Whitmore peut contaminer un corps s’il infecte une écorchure, une plaie ou une brûlure. Cette bactérie se transmet également par ingestion ou inhalation. La mélioïdose se manifeste par une infection respiratoire de type pneumopathie nécrosante et une septicémie avec fièvre élevée, maux de tête, diarrhées, vomissements, lésions cutanées et abcès. Il existe aussi une forme chronique caractérisée par des abcès et des lésions aux poumons (causant des symptômes proches de ceux de la tuberculose), au foie, à l’intestin, à la peau et au cerveau. Le diagnostic de cette infection est parfois difficile, et les traitements peuvent être inefficaces car le bacille a développé des résistances aux antibiotiques traditionnels.