Le combat pour la légalisation de l’avortement médicalisé, mené par des organisations féministes au Sénégal, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais, celui-ci commence à porter ses fruits, si l’on en croit la deuxième vice-présidente de la commission Santé de l’Assemblée nationale. Le député Mame Mbayang Dione «pense bien que le gouvernement est favorable pour accepter l’avortement médicalisé en cas d’inceste et/ou de viol».
Elle s’est prononcée sur cette question de l’avortement médicalisé relativement à la position du gouvernement, hier à Dakar, lors du lancement d’un film sur le planning familial. Nutritionniste de métier, Dr Dione renseigne que les femmes médecins et juristes du Sénégal vont faire le plaidoyer auprès de ses collègues députés pour que ces derniers puissent connaître les enjeux de cette loi sur l’avortement médicalisé, afin de la voter le moment venu. Ainsi, il y aurait moins de grossesses non désirées, d’infanticides et de mortalité chez les jeunes filles, argumente la député. Il faut signaler, dans la foulée, l’approbation du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Moustapha Diakhaté au sujet de l’avortement médicalisé en cas d’inceste et/ou de viol. Une loi autorisant l’avortement dans ces conditions que le député se dit prêt à voter dès sa soumission à l’Assemblée nationale. Dans tous les cas, Dr Mame Mbayang Dione pense qu’il est tout à fait légitime que l’Assemblée nationale adopte ce projet de loi dans la mesure où, précise-t-elle, le gouvernement du Sénégal a ratifié les traités internationaux pour procéder à l’harmonisation de la loi sur les sexes. «En plus, renchérit-elle, c’est un droit humain». Selon Dr Dione, «cela va permettre, également, de réduire les mortalités maternelles et néonatales, mais aussi d’octroyer un droit aux victimes de viol, d’inceste». Toutefois, le député précise que le projet de loi n’est pas encore arrivé à l’Assemblé nationale. Il n’empêche, selon Dr Mame Mbayang Dione, que des associations comme celles des femmes médecins, des femmes juristes et plus de 28 autres organisations se battent pour gagner la bataille de l’opinion et impliquer d’autres personnes, comme les différentes familles religieuses. Elle soutient que les choses sont en bonne voie car la plupart des cibles touchées ont donné leur aval sur cette question de l’avortement médicalisé en cas d’inceste et de viol. Ce, pendant que la population est en train d’être sensibilisée. La deuxième vice-présidente de la commission Santé de l’Assemblée nationale n’a pas manqué de souligner le travail abattu par l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef). «L’Asbef a fait un travail énorme en matière de planification familiale. Et nous sommes prêts à porter le plaidoyer auprès du ministre de la Santé pour augmenter le budget de la santé de reproduction», soutient-t-elle. L’Asbef est d’autant plus appréciée par le député que cette dernière pense que cette association permet de mieux décentraliser les activités communautaires pour la planification familiale, l’offre de service et impliquer les hommes. Ce qui a permis d’enregistrer dans le district de la commune de Maka Koulibantang un taux de prévalence contraceptive passé de 0,8 % à 12 %.
Abdou Khadre SAKHO