Depuis l’avènement de la seconde alternance dans notre pays, les nouvelles autorités posent des actes allant dans le sens de tuer la démocratie, au nom d’un hypothétique second mandat. La réactivation d’une loi tombée en désuétude, en l’occurrence la Crei, avec pour seul objectif, la liquidation d’un adversaire politique, tout en sachant pertinemment que c’est une loi qui ne respecte pas les droits… de l’homme, est une grosse aberration. La preuve, ces fossoyeurs de la démocratie veulent la réformer !
A quatorze mois de la présidentielle, conformément à l’engagement du président de la République, aucun Sénégalais n’est sûr de sa tenue à date échue. Démocratie prise en otage. La restriction des libertés consacrées dans notre constitution est devenue une règle de gestion des affaires… démocratiques.
La malhonnêteté intellectuelle pour la préservation d’intérêts inavoués est érigée en règle… démocratique. L’Assemblée nationale est sans bureau et est devenue l’espace des injures et des rixes, prouvant ainsi son manque de respect au peuple qu’elle est supposée représenter. Une seule proposition de loi a été faite depuis trois ans par la majorité pour… tuer la démocratie dans ce temple sacré, faisant ainsi perdre au député son bien le plus précieux au sein de l’hémicycle : la liberté. Cela au nom de la démocratie.
L’apologie de la transhumance faite par le président de l’Apr, est en train de causer beaucoup de tort à notre démocratie blessée. Une institution budgétivore a été créée pour caser un… transhumant : le Haut conseil du dialogue social. A y regarder de près, n’est-ce pas un Sénat bis ? Si elle était confiée à un officier de l’armée ou de la police à la retraite ou à un ancien magistrat, etc., on aurait cru un tant soit peu à sa pertinence. Quid du Haut conseil des collectivités locales tant agité ? Attendons de voir quel gros transhumant en sera le patron.
Une commission nationale du dialogue des territoires vient d’être créée, et, comme pour narguer le peuple, confiée à un tortueux leader politique qui a pris le soin de négocier deux agences nationales pour ses lieutenants. N’est-ce pas là la preuve qu’on trompe le peuple. La vérité, c’est que ces nominations ne sont faites que pour l’obtention d’un 2e mandat. Pauvre démocratie dévoyée. On peut tromper une partie du peuple un temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps, disait Marley.
Au nom de la démocratie, une vaste opération d’achats de conscience qui ne dit pas son nom, est organisée à travers les bourses familiales dont beaucoup de militants et responsables de l’Apr sont bénéficiaires. A ce propos, l’exemple des Parcelles assainies est patent. Ces milliards auraient pu servir à créer de petites unités industrielles de transformation de produits locaux, permettant ainsi de développer les zones rurales. Mais il faut être patriote et démocrate convaincu pour avoir une telle vision.
Lors de sa campagne électorale déguisée, le président de la République a promis des centaines de milliards à chaque région… au nom du deuxième mandat, aujourd’hui encore rien dans l’escarcelle de ces collectivités. Un acte 3 de tous les malheurs, qui a plongé des milliers et milliers de travailleurs dans la précarité et dans le désarroi total, brisé des familles pour et seulement pour… mettre la ville de Dakar dans la besace du parti au pouvoir, avec comme principal objectif le… 2e mandat.
Le stress permanent des travailleurs des collectivités locales qui, même s’ils n’ont plus, ni allocations familiales, ni heures supplémentaires, perçoivent quand même avec beaucoup de retard leurs salaires, fait écho au cri de désespoir de leurs collègues restés des mois sans être payés, voyant ainsi leurs familles éclatées. Des agents devant aller à la retraite n’ont pas touché leurs indemnités de départ. Acte 3 peu inspiré et mal pensé au nom de la démocratie et du 2e mandat.
Pour la première fois dans l’histoire politique de notre cher pays, une loi a été publiquement brûlée par de grands intellectuels que sont les professeurs d’université, parce que le procédé utilisé pour l’imposer est anti démocratique. La loi sur les écoles coraniques a été rejetée par les Sénégalais car, son élaboration est loin d’être démocratique.
Après avoir fait l’apologie de la transhumance, le président de l’Apr s’est engagé devant tous les Sénégalais à réduire l’opposition à sa plus simple expression. Sacrilège ! Oui sacrilège, car dans une démocratie qui se respecte, l’opposition est sacrée. Cette œuvre machiavélique de destruction de l’opposition n’est pas forcément la garantie d’un 2e mandat.
Le candidat du Pds est en prison, le responsable des jeunes en prison, le secrétaire général des élèves et étudiants libéraux en prison, le coordonnateur, secrétaire général adjoint du même parti en prison, ainsi que beaucoup d’autres militants de ce parti. La présidente des femmes de cette formation politique ne devrait-elle pas surveiller ses arrières ? Quel est le prochain parti d’opposition sur la liste ? Drôle de démocratie ! Où va le Sénégal, sinon vers l’abîme creusé par l’ambition du 2e mandat ?
Étrange démocratie où les journalistes sont traînés devant la Dic pour avoir fait correctement leur travail. Démocratie blessée. L’affaire de l’argent sale des Russes vient noircir le tableau, alors qu’elle n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Démocratie châtiée.
Au-dessus de notre pays, les nuages s’amoncellent. Peu à peu, le ciel s’assombrit. L’orage se fait sentir. Attention à la tempête. Le peuple digne et serein prie pour que survive… la démocratie.
Abdoulaye DANIOKO
Ancien Adjt au Maire de Plles Ass
Convergence démocratique Bok Guis Guis