C’est un vieil orchestre qui fait parler de lui, à travers l’album Le Ravin sorti le 28 décembre 2015. Déjà à la fin des années 80, la Salsa Stars écumait Dakar et ses environs, avec des voix comme Laba Socé, Camou Yandé, Mar Seck… En 2015, même si des ténors ont, durant cette période, disparu de la scène, l’envie demeure toujours : jouer la salsa pour rendre particulièrement hommage à Mady Konaté.
Hormis Ndongo Thiam, qui frôle la cinquantaine, le reste du groupe est plutôt composé de sexagénaires, voire septuagénaires. C’est le cas même d’Alassane Ngom, pilier du groupe et chef d’orchestre, dont l’âge n’a pas eu raison de ses envies de musique. Il assure la guitare solo, aussi bien A Moron, titre d’ouverture de l’album chanté par Camou que pour Pinareno, Le ravin, Yolanda, parmi les six titres du produit. A ses côtés, les musiciens Moustapha Ndiaye Blin et Mamadou Diack assurent respectivement la guitare basse et l’accompagnement et Omar Sow se charge de la maraca et des chants en espagnol et wolof. Les cuivres sont assurés par Jean Ndiaye et Cheikhna Ndiaye joue la flûte près des trompettistes Jean Ndiaye et Ibou Konaté. Tout cela n’est donc pas vraiment marqué du sceau de la modernité telle que l’entendrait la nouvelle génération. Mais cela ne diminue en rien les qualités musicales de cet album studio. Comme le souligne Daniel Cuxaac, producteur musical, qui précise qu’à «l’oreille, ils (les musiciens) sont bons». Et d’ajouter que les «gens ne font plus d’efforts pour faire des recherches musicales». Ou bien pour lui, «les musiciens ne travaillent pas beaucoup», à l’image de Mady Konaté, qui selon Daniel Cuxaac était un monument qui a poussé beaucoup d’individus à réussir dans le domaine de la musique. Quant à l’ancien animateur radiotélévision de salsa Djibril Gaby Gaye, il a rappelé l’itinéraire de l’homme que les Salseros ont rendu hommage en insistant sur son œuvre immense pour affirmer que tous les Salseros ont un devoir envers lui. En passant, il reconnaît que les anciens ont leur part de responsabilité dans la chute de la salsa «parce que nous avons laissé s’installer la médiocrité dans tous les domaines». Et d’indiquer, à l’image de Daniel Cuxaac, qu’il n’y a pas une bonne politique culturelle. «Chaque ministre ne fait que tenir des discours», a-t-il fustigé. L’écoute de l’album ne serait pas possible si Papis Konaté n’avait pas assuré sa direction artistique, son enregistrement et le mixage. Un rôle qu’il a su incarner, selon lui, sans difficultés dans la mesure où «les musiciens n’ont pas hésité à le suivre en studio». Papis Konaté, qui est le fils du défunt Mady Konaté reste convaincu que l’album est parti pour conquérir le marché national et international. Selon lui, Le Ravin va servir de déclic au groupe pour restaurer à la salsa ses lettres de noblesse au Sénégal.