2015 constitue l’année où le président Macky Sall et ancien numéro 2 du Pds a pris sa revanche sur ses ex compagnons libéraux. L’année 2015 a, en effet, été marquée par des séries d’arrestation suivie de l’emprisonnement de nombres de responsables du Pds, opposant direct du président de l’Apr.
Karim Wade, Me El Hadji Amadou Sall, Mamadou Lamine Massaly, Toussaint Manga, Victor Diouf, Amina Nguirane, Oumar Sarr… La liste de responsables libéraux emprisonnés dans le courant de l’année 2015 est loin d’être exhaustive. D’ailleurs, selon nombres de spécialistes de la chose politique, 2015 constitue une belle revanche du président Macky Sall contre ses ex frères libéraux. Ces responsables du Pds en maille à partir avec la justice qualifiés de «détenus politiques» sont poursuivis soit pour le délit d’atteinte à la sureté de l’état soit de troubles à l’ordre publique ou encore du fameux article 80 relatif au délit d’offense au chef de l’état. Mamadou Massaly et Me Amadou Sall, pour leur part, sont toujours en procès pour leurs propos jugés outrageants, même s’ils bénéficient d’une liberté provisoire.
2015 est également marqué par l’annonce du verdict du procès de Karim Wade. Lundi 23 Mars 2015, la sentence dans l’affaire Karim Wade tombe. A la surprise général, l’ancien ministre de la Coopération internationale et fils du président sortant est reconnu coupable par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, réactivée un peu plutôt pour casser de l’opposant. La sentence tombe tel un couperet. Le fils du président sortant est condamné à une peine de 6 ans ferme et une amende de 138 milliards. Le juge Henri Grégoire Diop a en quelque sorte suivi le réquisitoire du Procureur qui réclamait une peine de 7 ans de prison, une amende de 250 milliards, la perte des droits civique et la confiscation des biens de Karim Wade. Il en est de même pour ses co-inculpés (Mamadou Pouye, Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi, Alioune Diassé…) qui ont tous été reconnu coupable exceptés l’ancien patron des Ads, Mbaye Ndiaye.
Du côté du Pds, on a tant bien que mal essayer de porter la riposte par la tenue d’activités de contestation pour vilipender le régime de Macky Sall. L’année 2015 est également marquée par l’organisation de séries de manifestations de contestation. Sit-in, marche de protestation, meeting devant la place de l’Obélisque ont rythmé 2015. C’est d’ailleurs dans ce cadre que va naître le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr). Le Pds et ses alliés du Front pour la défense de la République vont initier des manifestations à Dakar et à l’intérieur du pays : Mbacké, St Louis, Richard Toll, Dakar, Thiès, Dagana etc. Ils y dénonçaient la privation des libertés, les arrestations tous azimuts de responsables libéraux. La stratégie de harcèlement et de ruse dont faisait montre le Pape du Sopi et ses affidés ne semble pas porter ses fruits puisque. Les sit in, marches ou meeting devant la place de l’Obélisque seront interdits par arrêté préfectoral. Ces interdictions de l’autorité qui vont émailler les manifestations de protestation de l’opposition dans le courant de 2015 vont forcer Wade à violer le barrage policier d’une manifestation à la place de l’Obélisque le samedi 31 janvier 2015.
Malgré un dispositif sécuritaire impressionnant déployé pour l’empêcher d’accéder à cette place, le Pape du sopi avait une fois de plus prouvé qu’il n’est pas du genre à parler dans l’air. En effet, déterminés à faire respecter à la lettre la mesure d’interdiction de tout rassemblement sur cette place par le préfet de Dakar, les forces de l’ordre n’ont ménagé aucun moyen. Sur le plan humain, ce sont des centaines d’éléments qui étaient mobilisés et positionnés sur les alentours de cette place. Des hommes en tenue, armés de grenades lacrymogènes avec des casques anti-émeutes, des boucliers, des bâtons de défense de police à poignée latérale pour certains et des fusils lance-grenades lacrymogènes pour d’autres avaient bloqué les artères menant à cette place. Sur chaque intersection, des véhicules de la police remplis d’éléments de la brigade anti-émeute prêts à l’action étaient pré-positionnés. A quatorze heures déjà, la tension commençait à monter notamment, avec l’arrivée des premiers militants libéraux. A peine certains d’entre eux se sont retrouvés aux abords de l’ancienne permanence de leur parti à Colobane, qu’un dispositif de la police s’est vite dirigé vers eux leur demandant de «dégager» sous le coup de bombes lacrymogènes. C’est à ce moment que Wade débarque dans les lieux avec son cortège de body guard.
…Et Wade traita Macky Sall de descendant d’esclaves et d’anthropophages
Malgré les nombreux fronts ouverts, la stratégie adoptée par Wade pour faire libérer son fils n’a pas prospéré. Wade formula utilisa des invectives pour faire libérer son fils et les détenus «politiques» du Pds. Déçu, l’ancien chef d’Etat s’en est vertement pris à son successeur et n’a pas mis la pédale douce. «C’est un descendant d’esclaves (ndlr : Macky Sall). Les villageois l’ont sorti de là-bas. Il n’était pas sorcier, mais ses parents étaient anthropophages (pratique qui consiste à consommer de la chair humaine). Ses parents mangeaient des bébés et on les a chassés du village. C’est progressivement qu’ils ont commencé à fréquenter les êtres humains normalement », avait-t-il accusé. Le Pape du Sopi qui ne digère pas l’emprisonnement de son fils multiplie les invectives contre le président Macky Sall qu’il traite de tous les noms d’oiseaux. «Vous savez si un enfant est impoli, il comprendra les circonstances de la circoncision de son père. On aurait pu vivre jusqu’à la fin du temps sans que personne ne soit au courant, mais je le dis. S’il veut, il peut m’enfermer mais c’est ça la vérité. Ceux qui sont propriétaires de la famille de Macky Sall sont toujours là, vivants. Il sait que c’est leur esclave. Je le dis et je l’assume parce qu’on ne peut pas toujours cacher les vérités. Cette insolence de Macky Sall est incompréhensible. Il faut l’arrêter, car on dit que c’est la force qui arrête la force, alors il faut l’arrêter par la force », avait révélé Me Wade en plein 2015 dans sa résidence de Fann. Avant de souligner : « Vous pouvez accepter vous les sénégalais qu’il soit au dessus de vous, mais moi, jamais je n’accepterai que Macky Sall soit au dessus de moi. Jamais mon fils Karim n’acceptera que Macky Sall soit au dessus de lui. On serait dans d’autres situations, je l’aurai vendu en tant qu’esclave, a-t-il lancé. On espérait ne pas en arriver là, mais je vous le dis, plus il avancera, plus j’avancerai. Tant que je vivrai, je ne le laisserai pas faire. Ne nous en faites pas, il ne se passera rien. Macky Sall n’a pas d’éléments dans l’armée. Si toutefois il fait appel à l’armée, je ferai pareil et on verra ».
EVÈNEMENT DE L’ANNÉE
AFFAIRE LAMINE DIACK
Un deal qui cache un autre deal
Avant même que l’année 2015 tire sa révérence, c’est un gros scandale qui secoué le Sénégal avec l’affaire Lamine Diack. Mis en examen pour «corruption passive» et «blanchiment aggravé» par des enquêteurs français de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales, l’ancien président de l’Iaaf, Lamine Diack, a mouillé l’opposition d’alors et de responsables politiques. Ces derniers auraient reçu de l’argent de la part de la fédération russe à des fins politiques via le président Lamine Diack et ses enfants Pape Massara et Khalil Diack. Avant qu’un démenti ne soit publié, le journal Le Monde annonçait que le candidat de la coalition Macky 2012 aurait bénéficié de ces financements russes. Ce dossier n’a pas fini de révéler ses secrets puisque les masques continuent de tomber avec président Amadou Makhtar Mbow qui a reconnu le financement des Assises nationales par l’ancien président de l’Iaaf. Mbow reconnaît avoir reçu 10 mille euros soit 6,5 millions de nos francs de l’ancien président de l’Iaaf. D’après le président Amadou Makhtar Mbow, «Lamine Diack a bel et bien contribué au financement des assises nationales». L’ancien président des Assises nationales qui a par la suite été nommé par le président Macky président de la commission de réforme des institutions (Cnri) reconnait que l’ancien patron de l’Iaaf a versé 10 000 euros, soit près de 6,5 millions de Cfa. Toujours dans ses révélations, Pr Mbow de révéler que ce serait Penda Mbow, à l’époque membre de la société civile et un des piliers des Assises nationales qui avait reçu la contribution de l’ancien maire de Dakar.
TENUE DU REFERENDUM
Une année de tergiversations pour Macky
Contre toute attente, le président Macky Sall avait annoncé le référendum pour mai 2016. Mais son ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique chargé d’organiser les élections a ramé au contre courant en soutenant devant les élus du peuple n’être pas au courant de l’organisation de référendum dans le calendrier républicain. Des déclarations qui laissent entrevoir les prémices d’un « wax waxeet ». Une décalaration qui rame à contre-courant de celles du Pr Ismaïla Madior Fall. Le ministre conseiller juridique du Président de la République a annoncé que le référendum sur la réduction du mandat du président de la République se tiendra en mai 2016.
Le ministre conseiller a entre autres estimé que ” Si nous faisons un voyage dans la constitution, du préambule à l’article 105, on ne verra nulle part une base constitutionnelle qui fonde la promesse du Président de la République de réduire le mandat et de se l’appliquer. Il est difficile de trouver un rattachement juridique à cette promesse, mais il s’agit d’une promesse qui a une base politique, symbolique, métajuridique », a déclaré le Pr Madior Fall dans les colonnes de ” L’As ». Selon lui, ” ces réformes visent à moderniser les régimes politiques, renforcer la bonne gouvernance, consolider l’État de droit et approfondir la démocratie ».Le professeur Ismaila Madior Fall intervenait au cours du séminaire sur le Plan Sénégal Emergent (Pse) à Thiès, organisé par la coalition Macky 2012.
FLOP DE L’ANNÉE
Des journalistes transformés en dames de compagnies du couple Faye-Sall
Pour avoir publié des ouvrages qui chantent Macky, les journalistes Alioune Fall et Abdou Latif Coulibaly ont créé la grande surprise de l’année. Ils sont ainsi considérés les flops de l’année avec leurs ouvrages qui chantent le président Macky Sall. D’ailleurs, dans une de ses sorties contre le régime de Macky, le président du Conseil départemental de Thiès n’a pas manqué d’utiliser un langage railleur contre ces derniers. «Macky Sall a transformé les plumes affutés en dame de compagnie du couple Faye Sall». Une phrase qui a fait tilt dans le landerneau politique.
Alioune Fall, journaliste, consultant en communication et ami du couple présidentiel, n’a pas attendu la fin du mandat du chef de l’Etat pour rédiger un ouvrage. Son livre Macky Sall contre vents et marées (196 pages) reviennent sur les raisons du départ de l’Hémicycle de Macky Sall (audition de Karim Wade, président de l’Anoci et fils du 3ème Président du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, par l’Assemblée nationale), retracent les péripéties de l’injustice subie par Macky Sall, les diverses actions et tentatives d’élimination politique initiées par le régime de Me Abdoulaye Wade. Un régime qui a cherché même, en vain, en guise de représailles à atteindre l’ex-n°2 du Pds en passant par son épouse, Marème Faye, les “missionnaires” rentrant à chaque fois sans succès, parce que renvoyés “poliment” ou “sèchement”. Dans sa logique de vengeance, Wade n’hésitera pas à fouiller vainement la gestion Sall à Petrosen. La “démackyisation” n’a pas non plus été occultée par l’auteur qui met en lumière les méthodes du pouvoir pour déstabiliser et éliminer politiquement Macky Sall et ses proches occupant de hautes fonctions dans l’Administration, dont l’un des plus éminents était Souleymane Baïdy Ndiaye, à l’époque Dg du Pcrpe.
Le journaliste Abdou Latif Coulibaly qui nous avait habitués à des ouvrages dits “d’investigation” et au service de la vérité nous revient sous ses nouveaux habits de… converti. Il chante ici les louanges de Macky après avoir longtemps dénigré Wade dont il qualifiait les réalisations de “chimères” et insistait surtout sur les coûts exorbitants, Abdou Latif Coulibaly revient avec : “Le Sénégal sous Macky Sall. De la Vision à l’ambition. Les réalisations à mi-mandat”. Dans ce livre de 402 de pages, publié aux éditions l’Harmattan, le secrétaire général du gouvernement parle des politiques initiés par le Président Macky Sall trois ans après son arrivée à la magistrature suprême. D’emblée, “l’ancien journaliste” a tenu à préciser : “Ceux qui s’attendent, en prenant connaissance de l’ouvrage, à lire des révélations seront naturellement déçus. Nous proposons juste, à travers ce projet éditorial, un texte de relation de faits quotidiennement traités, parfois sous le feu de l’actualité éphémère, lue souvent à travers le prisme déformant de l’information spectacle. Nous voulons juste donner au public une meilleure information sur les politiques initiées par le Président Macky Sall”.