La Maison d’arrêt de Rebeuss s’est encore illustrée par des cas d’évasions. Selon la version officielle de la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap), ces actions sont survenues à 10h 45, lorsqu’un groupe de six détenus, de retour du parloir où ils ont communiqué avec leurs parents, se sont mélangés aux visiteurs pour passer inaperçu. C’est ce que l’on appelle «évasion par substitution», dans le jargon pénitentiaire.
lls se sont, ensuite, rués vers la sentinelle. Selon toujours l’Administration pénitentiaire, «le professionnalisme et la vigilance des surveillants de prison leur a permis de se rendre compte que ces personnes ne sont pas des visiteurs, mais en réalité des détenus. Ils ont été rattrapés sauf deux d’entre eux qui auront réussi à sortir de la prison. Mais l’un a été retrouvé. Ils sont passés par la porte qui longe la prison». A. F., un visiteur qui a assisté à la scène, témoignage : «Les détenus sont passés par la petite porte qui mène vers l’enregistrement des repas et la vérification des chambres des détenus. Il s’en est suivi une course poursuite entre détenus et gardes qui ont dû appeler des renforts, pour maîtriser la situation». Résultats des courses : les prisonniers qui tentaient de s’enfuir ont été ramenés à la prison, parmi lesquels le Malien Boubacar Bangoura, celui-là qui a été donné pour mort lors de la grève de la faim des pensionnaires de la prison centrale de Dakar. Seul le détenu Mansour Diop, domicilié à Grand-Yoff, a réussi à s’échapper. Le poste de Police de cette zone a, d’ailleurs, été mis à contribution pour sa recherche. La résistance entre gardes pénitentiaires et détenus aura occasionné trois blessés chez les matons. «Malgré cette résistance farouche, les agents ont atteint leur objectif, c’est-à-dire empêcher à ces détenus de s’évader», indique encore l’Administration pénitentiaire. Selon les informations de Wal Fadjri, parmi les évadés figure le détenu Thialé, pensionnaire de la chambre 31, impliqué dans le même dossier que l’ex-détenu Baye Modou Fall qui s’est évadé il n’y a pas longtemps. Cette situation a causé la suspension des visites et l’entrée des repas, hier à Rebeuss. Ce qui a suscité la protestation des familles des détenus. Accompagnée de sa maman, Fatou Ndao s’en plaint : «J’ai passée toute la journée ici sans pouvoir entrer voir mon frère incarcéré ici pour meurtre. Nous sommes reparties à la maison en amenant le repas avec nous». Et elles sont nombreuses les personnes victimes de cette décision (unilatérale ?) de l’Administration pénitentiaire. Au sein de la prison, il n’y a pas eu de sortie dans la cour car, selon une source pénitentiaire, «tous les 2 500 et quelques détenus incarcérés à Rebeuss ont été confinés dans leurs cellules». De la même manière, les audiences ont été suspendues au palais de justice de Dakar pour permettre le retour des détenus vers la prison. Histoire de «ne prendre aucun risque», sur ordre de la hiérarchie. Ce qui s’est passé à Rebeuss traduit l’expression d’un plan d’évasions longtemps muri, mais venait ainsi d’être mis en œuvre. Ex-pensionnaire de ce pénitencier, l’ancien militaire, Ibrahima Sall dit «Yves», prédit le pire : «il y aura d’autres évènements plus dramatiques si l’Etat n’organise pas des sessions rapprochées et permanentes de Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) pour que les victimes de longues détentions soient fixées sur leur sort».
Pape NDIAYE