Les autorités gabonaises ont évoqué des questions de sécurité nationale pour justifier l’expulsion de plus de 600 ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest parmi lesquels 75 sénégalais. Cette énième expulsion de ressortissants de la sous-région est l’une des conséquences dramatiques de la situation sécuritaire tendue dans la région. Avec notamment la présence du groupe jihadiste Boko Haram qui se développe à travers le continent. Mais aussi, par le fait que le Gabon n’accepte aucun ressortissant étranger n’étant pas en règle sur son territoire.
Selon le chef de la diplomatie sénégalaise, ses concitoyens ont été expulsés par les autorités gabonaises vers le Nigeria où ils sont arrivés, depuis dimanche, par bateau. Pire, le patron de la Chancellerie a indiqué que le bateau qui transportait les Sénégalais a même pris feu à son arrivée au port de Calabar, au sud-est du Nigeria. Seulement, soutient le ministre, il y a eu plus de peur que de mal car l’incendie n’a fait aucune victime. «C’est une situation que nous suivons de très près depuis quelques jours. Nous avons dépêché une mission qui est sur place pour les assister», a indiqué le ministre Mankeur Ndiaye. Il renseigne, en outre, qu’une mission a été dépêchée à Dakar pour se rendre à Cotonou qui était la destination finale des expulsés. «A partir de Cotonou, nous sommes en train de prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’ils puissent rentrer au Sénégal. Et, nous sommes en train de négocier avec l’Organisation mondiale pour la migration (Oim)», a-t-il déclaré. A l’en croire, la question a été évoquée, hier, avec le président de la République et le Premier ministre. Selon Mankeur Ndiaye, ces derniers ont donné des instructions fermes pour apporter toute l’assistance nécessaire à ses compatriotes qui font partie de la seconde vague d’expulsion par les autorités gabonaises. «Nous avons attiré, hier, lors de l’entretien avec le ministre gabonais des Affaires étrangères, l’attention des autorités gabonaises sur la situation de nos compatriotes», a rassuré le ministre. Le président de la République, Macky Sall, devra rencontrer aujourd’hui, le président Gabonais, Ali Bongo Odimba pour évoquer la question. Toutefois, le ministre a soutenu que le pays d’Oumar Bongo a bel et bien tous les droits de refuser le séjour sur son territoire de tout étranger. Cependant, il relève que ces expulsions doivent se faire dans le respect strict des droits humains. Non sans rassurer que la situation est suivie de très près par les autorités étatiques. «Nous espérons que d’ici demain (Ndlr : Aujourd’hui), nos compatriotes reviendront au bercail dans les meilleures conditions», a conclu le ministre des Affaires étrangères. Soulignons, pour mémoire, que cette expulsion de 75 Sénégalais constitue la troisième du genre dans la même année. Les deux premières ont eu lieu en juin (une quarantaine) et août (58) de l’année en cours, sous le prétexte qu’ils étaient en situation irrégulière.
Adama COULIBALY