A Ziguinchor, l’accès à l’état civil est devenu, depuis quelque temps, un véritable obstacle à l’accès à l’éducation. Chaque année, des centaines d’enfants sont privés d’examen faute de pièce d’état civil. Des statistiques disponibles auprès du bureau des examens et concours de l’Ief de Ziguinchor montrent toute la gravité de la situation. En effet, l’année dernière en début d’année scolaire, le nombre d’élèves n’ayant pas d’extrait de naissance s’élevait à 5 754 dans le privé et 16 455 dans le public. Soit un total de 22 209. Et cette année, plus de 3 mille élèves risquent de ne pas se présenter au Cfee.
Selon l’inspecteur Pape Latyr Diagne qui présentait le discours d’usage, lors d’une cérémonie de remise de prix, le mal est beaucoup plus perceptible quand on souligne que sur les 6 091 candidats présentés à la dernière session du Cfee, plus de 4 mille ne disposaient pas d’extrait de naissance en bonne et due forme. Ces chiffres qui donnent froid au dos renseignent sur les efforts que doivent faire les parents, en particulier, la communauté scolaire, en général, pour ne pas sacrifier les enfants. Car, le premier acte qui assure le succès de l’enfant à l’école, c’est la pièce d’état civil. La journée de l’excellence au cours de laquelle l’excellence a été primée fût un bon cadre pour sensibiliser les uns et les autres sur cette gangrène qui fait hélas des enfants, certains très brillants à l’école, les victimes silencieuses d’actes irresponsables. La cérémonie qui a servi de cadre d’annonce de ces «chiffres de la honte» était destinée à rendre hommage aux élèves qui, par leurs performances scolaires, forcent le respect et l’admiration. Ils sont plus d’une centaine, en effet, à recevoir des prix des mains de différentes autorités dans le cadre de ce que l’Inspection de l’éducation et de la formation de Ziguinchor (Ief) appelle la journée de l’excellence. Pendant des heures, les différentes composantes de l’école que sont les enseignants, les élèves, leurs parents, les partenaires et autres syndicats, ont communié dans une ambiance de fête. Le but de «l’opération» était non seulement de consacrer les meilleurs élèves, de la maternelle à la 3e, mais aussi de créer la stimulation, celle-là qui permettra aux autres potaches de suivre le chemin des heureux élus. Pour les autorités scolaires, ce genre de manifestation qui est à sa deuxième édition à Ziguinchor est un moment important dans la vie de l’école. Car, après plusieurs mois de dur labeur fait de sacrifices héroïques et parfois de beaucoup de courage pour certains élèves, la communauté doit faire le bilan. Cette activité extra muros a été donc l’occasion de mettre les enfants dans une ambiance de fête, loin des salles de classe. Mamadou Papo MANE