La question du financement des partis politiques ne date pas d’aujourd’hui. Pour ce membre du Forum civil, notre pays a ratifié des conventions internationales de lutte contre la corruption qui recommandent aux Etats d’adopter des dispositions pour maîtriser la source de financement des partis politiques. En 1981, le Président Abdou Diouf avait commandité une étude où le professeur El Hadji Mbodj avait réalisé un ouvrage sur les financements des partis politiques. Mais notre pays traine encore les pieds pour légiférer dans ce domaine.
Pourtant depuis 2012, le Forum civil accompagne les parlementaires sénégalais pour asseoir la transparence dans la vie politique notamment en adoptant une loi sur le financement des partis politiques au Sénégal. «Un draft de cette loi a été déposé au niveau du bureau du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar et a été partagé avec quelques autres partis politiques. Je crois aujourd’hui qu’il faut aller vers cette loi sur le financement des partis politiques. Cela nous permettra de mieux maîtriser leur source de financement. Mais aussi cela va asseoir l’équilibre transparence dans le jeu électoral mais également une gouvernance dans ce pays», estime Cheikh Tidiane Ba, juriste membre du Forum civil. Pour ces acteurs, le Sénégal gagnerait à se doter d’une loi sur le financement des partis politiques eu égard aux «risques énormes» qu’il encourt. «Avec l’absence de cette loi, il y a des risques potentiels de corruption, des risques de déséquilibre par rapport à l’affectation de certaines ressources», indique M. Ba. Alors que la société civile s’active pour la matérialisation de cette loi, les autorités ne font pas preuve du même enthousiasme. «Nous ne sommes pas législateurs, l’initiative de la loi appartient au président de la République et au Parlement. Ce que nous pouvons en tant que société civile c’est de promouvoir la bonne gouvernance, la transparence. Il faut avoir une volonté politique affichée pour mettre en œuvre ses propositions qui ont été formulées. Les citoyens attendent que le jeu politique soit transparent parce qu’il y va de l’avenir de la nation», ajoute-t-il. Les membres du Forum civil étaient en conclave ce week-end à Saly. Au terme de cette rencontre, ils ont publié une déclaration dans laquelle le Forum civil «invite le Gouvernement à mettre à profit les réformes institutionnelles pour bâtir des consensus forts s’inscrivant dans la durabilité. Pour cela, il est nécessaire de fonder les propositions de réforme sur les accords structurels constatés à travers les concertations citoyennes». «Le Forum Civil demande au Gouvernement de mettre en débat les questions, objet du référendum en tenant compte du caractère obsolescent du système actuel de gouvernance et d’éviter d’enfermer les réformes institutionnelles dans la temporalité d’un mandat et de mettre les citoyens dans une position inconfortable au moment du choix», mentionne-t-on dans la déclaration.
El Hadji Alassane DIALLO