Le groupe Advens, concessionnaire majoritaire de Transrail, sort du capital de ladite société de chemin de fer. Les deux Etats, malien et sénégalais, ont fait parvenir officiellement au Président directeur général du groupe une notification de la résiliation de la convention de concession. Une démarche qui est, en effet, prévue dans les dispositions contenues dans les textes et qui précisent que «l’autorité pourra à tout moment notifier au concessionnaire la résiliation sous préavis de 90 jours à compter de la date de réception de la notification».
De même, selon les mêmes dispositions, durant ce délai de préavis, le concessionnaire devra s’interdire de conclure tout engagement financier auprès des prêteurs agréés ou non et que par conséquent tout engagement pris durant ce délai de 90 jours sera inopposable à l’autorité concédante. Pour dire que la séparation entre les deux Etats et le concessionnaire est consommée mais aussi que la mise en œuvre du schéma institutionnel devra se faire sans Abbas Jaber. Une situation qui n’est pas sans susciter une certaine panique au niveau des travailleurs qui craignent pour la survie de leur entreprise et pour leurs emplois. En effet, pour Madiodio Diagne, secrétaire général de l’Union des travailleurs de Transrail, il est à redouter que la notification de séparation entre les Etats et le concessionnaire entraîne de sérieux problèmes pour le personnel et l’entreprise. Aussi, le syndicaliste de se dire d’avis que tout ce qui est en train de se passer n’est autre qu’un complot contre le rail. «Nous avions entendu le secrétaire d’Etat (aux Transports ferroviaires, Ndlr) dire que le gouvernement de Macky Sall avait abandonné le projet de Tramway mais on n’aurait jamais cru que ce gouvernement travaillait à la fermeture de l’entreprise». Car, poursuit-il, avec cette nouvelle donne, ce qui est certain c’est que l’entreprise va droit vers la fermeture. En attestent les dispositions annoncées pour la phase transitoire qui sont loin d’être rassurantes. Et à l’en croire, les conséquences commencent déjà à se faire sentir puisque, jusqu’à ce jour, plus de 400 travailleurs attendent toujours leurs salaires. Une situation d’autant plus inquiétante qu’il est acté que le concessionnaire ne doit pas emprunter de l’argent alors qu’il était souvent obligé de faire des découverts auprès de sa banque pour payer les salaires. Une difficulté majeure à laquelle viennent s’ajouter les autres charges liées à l’électricité, le téléphone et le carburant. Aussi, poursuit Madiodio Diagne, même si pour la phase transitoire qui entre en vigueur au mois de janvier, il est prévu de débloquer 7 milliards 500 millions de francs Cfa pour l’entretien des machines, il se trouve que, au niveau des ateliers, il n’y a aucun matériel pour faire ce travail. La situation est d’autant plus inquiétante que cette enveloppe financière concerne aussi la réhabilitation des points critiques sur la voie ferrée pour un linéaire de 150 kilomètres alors qu’il faut au moins 500 millions de francs pour un kilomètre de voie. Sans compter la prise en charge du personnel qui nécessite une enveloppe financière de 3 milliards de francs par semestre. Toutes considérations qui prouvent que la décision de mettre un terme à la concession a été prise à la va vite et pousse directement l’entreprise vers la fermeture. «Nous avions raison de dire que tout ce qui se fait sans les cheminots est contre les cheminots», dit-il. Et d’alerter : «Si l’on n’y prend garde, la société de chemin de fer va simplement fermer ses portes.» Toutes raisons, dit-il, qui expliquent la décision de l’union des travailleurs regroupant l’ensemble des syndicats cheminots d’interpeller le ministre des Transports à travers une lettre de protestation pour le respect des engagements et regretter la notification qui a été faite au président du groupe Advens. Sidy DIENG