La Cedeao invite tous ses Etats membres à «prendre des mesures appropriées visant l’interdiction de tout port vestimentaire rendant difficile l’identification des personnes». Cela, en tenant compte des réalités nationales de ces pays respectifs. C’est de cette manière que les dirigeants des Etats d’Afrique de l’Ouest se sont ainsi entendu sur cette interdiction de la burqa, pour mieux lutter contre les attentats kamikazes. La position commune est donc dégagée. Les pays d’Afrique de l’Ouest devront, de cette manière, agir «en prenant en compte leur propre situation et leur environnement culturel». Cette position a été exprimée lors du 48e sommet de la session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao.
Celui-ci s’est tenu durant deux jours (mercredi et jeudi), à Abuja, en République Fédérale du Nigeria, sous la présidence de Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de la Conférence, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Dans leur argumentaire, les chefs d’Etat et de Gouvernement conviennent que certains ports vestimentaires qui rendent impossible l’identification des personnes concernées peuvent, en tout état de cause, «gêner la conduite d’actions préventives de préservation de la sécurité des personnes et des biens». C’est ce que rapporte le communiqué final publié, hier, à la fin des travaux. La question du port du voile intégral a été soumise à l’appréciation de la Cedeao suite au tollé soulevé par la récente déclaration du Président Macky Sall, lors d’un Forum sur la sécurité tenu à Dakar. Dans son discours, il avait invité les participants à une réflexion tendant à l’interdiction du voile intégral. Au Sénégal, plusieurs personnes ont récemment fait l’objet d’arrestations suivies d’emprisonnement pour des accusations liées au terrorisme. Au moins une dizaine des suspects sont sous-main de Justice parmi lesquels l’imam Alioune Ndao récemment transféré de la prison de Rebeuss à la Maison d’arrêt et de correction de Saint-Louis. Un transfèrement justifié par l’administration pénitentiaire pour des «raisons de sécurité». En Afrique, plusieurs Etats ont déjà interdit cet accoutrement sur leur territoire. Il s’agit notamment du Tchad dont la mesure d’interdiction est effective sur tout le pays, depuis juin 2015. L’on se rappelle que cela fait suite à un double attentat-suicide à N’Djamena ayant été à l’origine de plusieurs personnes décédées. De la même manière, le Cameroun et le Niger ont pris des mesures identiques en juillet dernier. Mais pour ces deux pays, l’interdiction reste circonscrite à certaines régions frappées par des attaques kamikazes. Ces actions concertées ont été prises compte tenu du fait que dans plusieurs zones du continent, Boko Haram prend comme cibles des femmes, des adolescentes voire même des fillettes.
Pape NDIAYE