La réunion d’une quarantaine d’opposants et d’acteurs de la société civile à l’Ile de Gorée a suscité de vives réactions au sein de la classe politique congolaise. Le Phare, journal congolais, a consacré, hier sa Une au dossier de ses compatriotes, rapportant qu’il s’est invité mardi à la plénière de l’Assemblée nationale. Par motion incidentielle, sollicitée et obtenue une fois l’ordre du jour adopté, un député a fustigé la participation de certains de ses collègues à la réunion de Dakar; laquelle selon lui, porte des germes de déstabilisation des institutions républicaines nationales, avant de demander à son président, Aubin Minaku, si c’est lui qui leur avait accordé des autorisations de sortie, révèle le journal cité par Radiookapi.
Dans sa réponse, note Le Phare, Aubin Minaku a fait remarquer qu’on ne peut pas empêcher un député national de sortir du pays ou restreindre ses mouvements tant que les droits et libertés fondamentaux sont garantis par la constitution aussi bien aux élus qu’à l’ensemble de notre peuple. Ce que dément Martin Fayulu, député national de l’opposition, président du parti politique Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) et coordonnateur de la plate-forme «Forces acquises au changement» (Fac). «Le président de l’Assemblée nationale perd les pédales. Pour sortir pendant les sessions, je dois justifier mon absence. J’ai écrit au président une lettre pour solliciter une autorisation de sortie pour me rendre à Dakar au Sénégal du 10 au 15 décembre courant pour assister à une conférence organisée par la fondation Konrad Adenauer. Et j’ai annexé le programme à l’invitation. Il a signé l’autorisation», a-t-il affirmé, estimant qu’Aubin Minaku et les autres «kabilistes» sont dépassés par la situation. De son côté, Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho) qui a pris part au séminaire de Gorée, a rejeté les accusations de Kinshasa, les qualifiant de non fondées. Il a expliqué que cette rencontre était axée sur les élections en Afrique subsaharienne à laquelle d’autres pays comme le Togo, le Mozambique, la Namibie, le Burkina-Faso et le Sénégal ont pris part. «Le problème de la Casamance… » Jean-Claude Katende a déploré la défaillance des services de sécurité qui, selon lui, ont induit le président de l’Assemblée nationale en erreur. «Ce que le président de l’Assemblée a dit démontre tout simplement que nous avons des services de sécurité défaillants. S’ils étaient vraiment bien organisés, ils comprendraient que tout ce qu’ils ont raconté n’est pas conforme à la vérité. Et par défaut de vraies informations, ces services de sécurité ont induit non seulement le président de la République mais également le président de l’Assemblé en erreur», a-t-il affirmé. Avant d’ajouter : «C’est une honte pour la République démocratique du Congo dans la mesure où une trentaine de personnes qui sont parties à ce séminaire qui n’avait d’autre chose que de partager des expériences, a fait que toute la République s’est mobilisée. Mais les gens oublient qu’il y a eu plusieurs fois des réunions auxquelles les participants de la majorité ont participé sans que la République s’en émeut». André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle a chargé le Sénégal: «On oublie qu’il y a le problème de la Casamance qui existe depuis des décennies. Mais, est-ce qu’on a vu Y’en a marre contribuer à la recherche d’une solution de paix en Casamance, et qui ne fait pas du Sénégal un modèle (de démocratie) à suivre». Martin Fayulu de le balayer: «Le problème de la Casamance; c’est un problème d’autodétermination. Comment parler de ce problème lorsqu’il s’agit de la démocratie. Je crois que André-Alain Atundu a dérapé». Ensuite, il ajoute que le gouvernement ne veut pas respecter la constitution, qui ne permet pas, en son état actuel, à Joseph Kabila de briguer un nouveau mandat présidentiel. En ce qui concerne l’Institut de Gorée, qui est maître d’œuvre du séminaire de Dakar, son ancien président durant deux ans, Professeur Alphonse Maindo, Docteur en sciences politiques de l’Université de Sorbonne Paris 1 et enseignant à l’Université de Kisangani analyse: «Un des objectifs de cet institut, c’est de mettre un terme aux conflits en Afrique. Je ne pense qu’il puisse avoir une réunion à déstabiliser un pays ou de subversions». En revanche, il regrette le fait que l’institut n’a pas invité le gouvernement de Kinshasa.
Baba MBALLO