Les Facky (titre donné aux marabouts, au Tchad) soupçonnés de s’être ligués avec la rébellion ont subi le même traitement que les détenus politiques et prisonniers de guerre. C’est du moins ce qui ressort du témoignage d’Izadine Mahamat Haroun.
Encore un témoignage à charge qui risque de peser dans la décision finale à l’issue du procès de Hissène Habré. Le témoin Izadine Mahamat Haroun a exposé, hier, sa mésaventure vécue lors du régime de Habré. Il a été arrêté et emprisonné dans des conditions qu’il juge pénibles, à la prison de «Camp des martyrs». Il a fait part au Tribunal spécial de la mort de plus de 100 pensionnaires de ce centre de détention. Partie civile et témoin comme les autres témoins, Izadine Mahamat Houroun a séjourné dans les cellules de la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds), du «Camp des Martyrs» et des Locaux. Il a fait part de tous les cas de décès enregistrés dans cette geôle. D’après Izadine, 5 à 6 morts étaient enregistrés par jour, dans les prisons. Racontant les sévices qu’il a subis, il a déclaré que lors de son interrogatoire, il a été ligoté et suspendu au plafond d’un bureau de la Dds. Le témoin a confié avoir également subi des décharges électriques qui ont d’ailleurs brûlé ses mains.
Sur les causes de son arrestation, il a signalé être un neveu du marabout Facky Zakari. Soupçonné de soutenir la rébellion d’Hassan Jamus, Mouhamet Itno et Idriss Déby «Itno», Facky Zakari a également été arrêté, mais il mourût quelques jours après sa libération. Laquelle fait suite à l’accord Facho Balam signé entre Acheck Ibn Omar et le Président Habré, le 19 novembre 1988. Arrêté plutôt que son oncle, Izadine a montré l’implication directe de l’accusé Habré dans son arrestation. Soumis au feu roulant des questions du parquet général, il a raconté aux juges avoir été interrogé sous la présence de Habré qui, à l’en croire, s’était vêtu d’un caftan et d’un bonnet blanc. Isadine Mahamat Haroun et son oncle n’ont bénéficié d’une liberté qu’avec la ratification de l’accord de Facho Balam ratifié par Acheck Ibn Omar et Habré. Suite à cela, une liste de détenus à libérer était parvenue à Abacar Torgo. Hormis ceux des communautés Hajaraï et Zaghawa, beaucoup d’entre eux ont humé l’air de la liberté. Quant à lui, son oncle, Facky Zakari, qui avait le corps enflé à la suite des sévices subis en prison décédera quelques jours après sa libération.