Les conséquences de la raréfaction des ressources financières qu’il faut mobiliser dans le cadre de la réponse au Vih/sida pourraient s’avérer catastrophiques. Si, davantage, des moyens ne suivent pas dans cette lutte, les personnes vivant avec le virus pourraient ne plus avoir à manger à leur faim, avec un risque élevé d’abandon du traitement quotidien. La journée mondiale de lutte contre le sida, tenue le 1er décembre dernier, a été l’occasion pour la société civile impliquée dans la lutte contre le sida, et dont l’Alliance nationale contre le sida (Ancs) en est le leader, d’exposer ses craintes liées à la raréfaction des ressources et les conséquences négatives que cela pourrait engendrer dans la réponse au Vih/sida.
Présidente du conseil d’administration (Pca) de l’Alliance nationale contre le sida, Rokhaya Nguer souligne que les nouvelles mesures relatives à l’allocation des ressources et à l’aide publique au développement font que les ressources traditionnellement affectées à la riposte contre le Vih se raréfient et sont plus difficiles d’accès. Des craintes qu’il faut vite dissipées, estime-t-on, par une révision à la hausse du budget octroyé au Sénégal par le Fonds mondial et l’Etat sur ses fonds propres, afin de mettre davantage l’accent sur les besoins importants des populations clés et du système communautaire. Lesquels contribuent grandement aux efforts de l’Etat dans la réponse au Vih et à la fourniture de soins et services. Mais, qui mieux qu’une personne vivant avec le Vih peut raconter les difficultés auxquelles font face tous ceux qui portent le virus du sida ? Président du Réseau national des associations des PvVih, Amadou Moustapha Dia se fait de grands soucis pour ses pairs dans ce contexte de raréfaction des ressources allouées à la lutte contre le sida. «Diminuer, aujourd’hui, ces financements risque de remettre en cause les acquis notés au Sénégal en matière de prévention, de lutte contre la stigmatisation et d’intégration des PvVih», avertit-il. Selon lui, «il est important que le Fonds mondial comprenne que l’argent injecté au Sénégal, en plus de la contrepartie de l’Etat, a beaucoup servi et a donné espoir de vie». Aujourd’hui, dira-t-il, l’une des difficultés majeures auxquelles font face les PvVih est d’ordre nutritionnel. En effet, pour ce qui est de la prise en charge nutritionnelle, Amadou Moustapha Dia tient à différencier l’accompagnement nutritionnel lié à la malnutrition du besoin en alimentation qui se pose aux PvVih. Un besoin accentué par la prise quotidienne de médicaments. «Non sans conséquence», précise-t-il. «Ce besoin non satisfait explique aujourd’hui le taux important de perdus de vue dans la mesure où la plupart de ces gens disent qu’ils ne peuvent plus continuer de prendre des médicaments sans avoir la possibilité de bien manger», apprend M. Dia. Des informations obtenues auprès de sources anonymes indiquent que la subvention des kids alimentaires est passée de 80 mille Fcfa en 2007 à 30 mille Fcfa, actuellement. Ces kids, composés de denrées courantes comme le riz, le mil, le lait, le sucre, etc., sont remis aux familles des PvVih, aux PvVih elles-mêmes ou bien aux familles qui s’occupent des enfants infectés ou affectés. A signaler qu’avec l’avènement de l’Ancs, le Sénégal est passé de sept à plus d’une quarantaine d’associations de PvVih. Des industries pharmaceutiques en Afrique pour la production des Arv Pendant longtemps et jusqu’à ce jour, tous les financements de la réponse au Vih en Afrique étaient supportés à plus de 80 % par des financements extérieurs. Les organisations de la société civile, les communautés se battent et continuent à se battre encore pour que les gouvernements africains puissent prendre en charge le financement de la réponse au Vih ; et le financement de la santé d’une manière générale des Africains. Cette bataille a poussé l’Union africaine (Ua) à prendre deux engagements essentiels : Le premier a été par rapport à la Déclaration d’Abuja où les chefs d’Etat et de gouvernements se sont engagés à consacrer 15 % du budget national à la santé. Le deuxième engagement a été la Déclaration de Maputo où les chefs d’Etat et de gouvernements ont signé ce qu’il convient d’appeler la «Responsabilité partagée», s’engageant ainsi à augmenter de manière substantielle les financements du Vih à travers les budgets nationaux, mais aussi à créer des conditions nécessaires pour qu’on puisse avoir des industries pharmaceutiques en Afrique pour la production des Arv. Des engagements que l’Etat du Sénégal tarde à respecter, quoi que des efforts supplémentaires soient consentis d’année en année. Le Conseil national de lutte contre le sida (Cnls) a, pour sa part, promis aux associations de PvVih un accompagnement technique pour un accès plus facile aux fonds octroyés à travers le monde.
Abdoulaye SIDY