« Les antirétroviraux ne parviennent pas systématiquement aux patients en Afrique sud-saharienne, alors que la plupart du temps les stocks sont déjà présents dans les pays », affirme Médecins sans frontières (MSF) qui appelle « à des améliorations urgentes dans la chaîne de distribution ». Les médicaments « ne parviennent pas dans les cliniques secondaires à cause de procédures trop lourdes, de problèmes logistiques et de manque de ressources », explique l’organisation humanitaire dans un communiqué, publié le 30 novembre à l’occasion de la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique qui se tient à Harare jusqu’à vendredi 4 décembre.
Selon une enquête conduite en 2013 et 2014 en Afrique du Sud, pays qui compte le plus de porteurs du virus du sida dans le monde avec 6,4 millions de séropositifs, 20 à 25 % des centres de santés locaux ne pouvaient pas délivrer un ou plusieurs médicaments contre le sida ou la tuberculose, cette dernière maladie étant une cause majeure de mortalité chez les personnes séropositives. « Étagères vides, revenez demain » Dans 80 % des cas, les médicaments étaient disponibles dans le pays mais ne l’étaient pas dans les cliniques, selon MSF qui publie un rapport intitulé « Étagères vides, revenez demain : les ruptures de stocks d’antirétroviraux sapent les efforts de lutte contre le sida ». Des patients rentrent à la maison les mains vides À Kinshasa, 77 % des centres de santé locaux sondés, et 41% des 17 cliniques interrogées au Mozambique ont enregistré des ruptures de stocks d’au moins un des antirétroviraux sur une période de trois mois, selon MSF. Il en est de même au Mozambique. Résultat, « des patients rentrent à la maison les mains vides ou avec des traitements pas adaptés », ajoute MSF, qui rappelle la nécessité de suivre sans interruption le traitement antirétroviral. « Comment peut-on attendre des patients qu’ils suivent leur traitement si les médicaments ne sont pas disponibles quand et où ils en ont besoin ? », s’interroge le docteur Gilles Van Cutsem, coordinateur médical de MSF pour l’Afrique australe. Au Malawi en revanche, « les antirétroviraux parviennent régulièrement » à destination, « prouvant que c’est de l’ordre du possible même dans un contexte de faibles ressources », selon MSF.